L’entrée de la Martinique au sein du Caricom marque une avancée historique dans son intégration régionale. Si cette adhésion s’inscrit dans la continuité d’un long travail d’ouverture, initié dès les années 1950 par des figures comme Clovis Beauregard, elle soulève néanmoins des interrogations.
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Quels bénéfices concrets en attendre ?
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Quels coûts et risques cette intégration implique-t-elle ?
Maurice Laouchez pose son “Repère” sur cette nouvelle étape et appelle à une coopération réfléchie, pragmatique et exempte d’illusions.
“L’adhésion de la Martinique au Caricom appelle une triple réaction.”
La première est de saluer le travail d’éclaireur réalisé dès le début des années 1950, depuis Trinidad, par le Martiniquais Clovis BEAUREGARD, premier secrétaire de la Commission Caraïbe. La Commission Caraïbe était en charge de coordonner les actions dans notre région de la France, des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et des Pays-Bas. C’était peu d’années après que la Deuxième Guerre mondiale ait vu s’affronter la volonté de puissance des Etats-Unis, au nom de la doctrine de Monroe, et la souveraineté des trois autres pays sur leurs territoires.
La deuxième réaction est de souhaiter que les autorités martiniquaises communiquent à l’opinion publique locale les études qui ont forcément été faites pour évaluer les avantages que la Martinique va retirer de l’entrée au Caricom.
Ces avantages doivent évidemment être comparés aux coûts et risques exposés pour entamer et entretenir ce nouveau partenariat. Parmi les risques, la libre circulation des marchandises et des personnes doivent figurer. Les prix de revient des produits agricoles sont sensiblement inférieurs à ceux de la Martinique ; la criminalité, elle, notamment en Jamaïque, est sensiblement supérieure.
Enfin, comment croire qu’il sera plus facile de coopérer avec des pays de langues et de droit différents, quand nous n’avons pas été capables de préserver cette magnifique promesse que fut une Université des trois départements d’Amérique, que l’université des Antilles tourne chaque jour davantage le dos au principe initial de spécialisation , et que la simple coordination des fiscalités locales entre les Antilles et la Guyane n’a jamais pu voir le jour ?
Soyons clairs.
La coopération entre les pays de la Caraïbe relève du bon sens. Notamment pour l’apprentissage des langues.
Mais elle ne doit pas être l’occasion de gaspillage d’un argent public de plus en plus rare, et de marchandages naïfs où la Martinique, et la France donneraient le peu qu’elles ont pour ne rien recevoir de concret en contrepartie.
Maurice Laouchez