Alors que le Covid-19 a montré la très grande vulnérabilité de nos chaînes d’approvisionnement mondiales, les risques se multiplient. Le canal du Panama est obligé de réduire de 50% son trafic en raison d’une sécheresse intense liée à la crise climatique quand l’Australie subit une cyberattaque massive qui a mis à l’arrêt ses plus grands ports. Dans un monde en polycrises, les failles sont de plus en plus visibles. Source : www.novethic.fr/


Photo de couverture : Le nombre de navires pouvant traverser le canal du Panama est de plus en plus limité, augmentant la file d’attente. Luis ACOSTA / AFP


C’est un goulet d’étranglement qui ne cesse de se resserrer. Le canal du Panama, une des voies commerciales les plus empruntées au monde permettant de relier l’océan Pacifique à l’océan Atlantique est à sec. En l’espace de 24 heures, l’attente des navires désirant transiter par le canal du Panama a ainsi bondi de 13%. “À 2h30, heure locale, ce matin, 112 navires attendaient de transiter par le canal, contre 99 hier (…)”, écrivait Sam Chambers, l’ancien rédacteur en chef du magazine Maritime Asia le 10 novembre, “À son pire moment, en août de cette année marquée par la sécheresse, le canal comptait plus de 160 navires en attente de traversée”.

Cela peut paraître anecdotique mais la situation est telle que l’Autorité du canal de Panama (ACP) a prévu de réduire le trafic de 40 à 50% dans les mois à venir. Alors qu’en conditions normales 34 à 36 navires traversent le canal quotidiennement, l’ACP a limité le trafic à 24 bateaux jusqu’au 30 novembre, pour atteindre progressivement un plafond de 18 navires par jour. En toile de fond : le dérèglement climatique, aggravé par le phénomène El Niño.

Car contrairement au Canal de Suez, le canal de Panama fonctionne à l’eau douce. Or en octobre, les précipitations ont été inférieures de 41% à la normale, ce qui a abaissé à des niveaux sans précédent le lac artificiel Gatun habituellement à 26 mètres au-dessus de la mer. C’est par un système complexe d’écluses que les navires se hissent à la hauteur du lac Gatun et du deuxième lac artificiel, l’Alajuela, qui sert de réservoir. Mais les deux manquent d’eau. “Ainsi, à moins de deux mois de la fin de la saison des pluies, le Canal et le pays font face au défi de la prochaine saison sèche avec une réserve d’eau minimale qui doit garantir l’approvisionnement de plus de 50% de la population et, en même temps, maintenir l’exploitation de la voie navigable interocéanique”,écrit l’ACP.

Les principaux ports à l’arrêt

Le dernier rapport de l’assureur Axa, le Future Risks Report a bien confirmé que le dérèglement climatique était le plus important risque qui pesait sur l’économie. Mais dans un monde en polycrises, un autre sujet préoccupant majeur est entré en trombe dans le podium des principaux risques mondiaux : les cyberattaques. Et justement, après la sécheresse au Panama qui porte un coup au commerce mondial, ce sont les cyber-risques qui ont ralenti la machine.

Le 10 novembre, une cyberattaque a en effet touché les principaux ports australiens opérés par la société DP World. “DP World gère près de 40% des marchandises qui entrent et sortent de notre pays”, soulignait la ministre australienne de l’intérieur, Claire O’Neil sur son compte X (Twitter) dimanche dernier. Il aura fallu attendre le 13 novembre, soit trois jours pour que les principaux ports du pays puissent rouvrir. En attendant, DP World avait coupé les accès à internet, empêchant ainsi le déchargement ou chargement des marchandises.

Un rapport de France cyber maritime et OWN, entreprise spécialisée dans les cybermenaces, a montré que depuis 2020, le nombre de cyberattaques dans le secteur maritime et portuaire avait augmenté de 235%, l’Europe étant le continent le plus impacté. “Les attaques visant délibérément ou de manière opportune les acteurs de la chaîne logistique maritime et portuaire devraient être amenées à se poursuivre”, notent les auteurs qui pointent la faiblesse du secteur en matière de cybersécurité.

Marina Fabre Soundron

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