Conséquences du réchauffement climatique, l’élévation du niveau de la mer et l’érosion du littoral sableux affectent un tiers des côtes de la Planète. Une précédente analyse à ce sujet avait fait grand bruit au printemps. Une autre étude internationale vient remettre en cause cette affirmation. Si ces plages de sable menacent de disparaître, certaines d’entre elles pourraient « survivre » et s’en sortir mieux que d’autres expliquent les chercheurs.
Les littoraux sableux, qui couvrent près d’un tiers du linéaire côtier mondial, montrent une tendance globale à l’érosion. Or, le changement climatique, à travers notamment l’augmentation du niveau moyen de la mer, va aggraver cette érosion au cours du XXIe siècle. Début 2020, une équipe de chercheurs européens a publié une étudequi a eu un très fort impact médiatique (lire ci-dessous). Elle concluait en effet sur la disparition de plus de la moitié des plages sableuses mondiales d’ici la fin du XXIe siècle.
Ayant réexaminé les données et la méthodologie sur lesquelles s’appuyait cette étude, un consortium international est arrivé à des conclusions très différentes. Les pays dont sont issus les chercheurs sont la France — avec le Laboratoire Environnements et paléoenvironnements océaniques (Epoc/Oasu, Université de Bordeaux, CNRS) et le Centre européen de recherche et d’enseignement de géosciences de l’environnement (Cerege/Pytheas, CNRS, AMU, IRD, Collège de France) –, le Royaume-Uni, l’Afrique du Sud, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis.
Quelles méthodes adopter pour sauvegarder les plages ?
Parmi les nombreux éléments de désaccord, le modèle d’impact de l’augmentation du niveau moyen de la mer utilisé par l’équipe européenne ignore les possibilités d’ajustement morphologique des plages à la suite d’un recul du trait de côte.
“
Or, le consortium international a montré que, si les plages ont un espace d’accueil à l’arrière, lorsqu’elles sont par exemple adossées à des plaines côtières, des marais littoraux ou des dunes, alors elles conserveront leur forme générale en migrant dans les terres : le littoral reculera, mais les plages survivront, bien qu’un peu surélevées et situées plus à l’intérieur des terres qu’actuellement.
En revanche, les plages adossées à des falaises ou à des structures d’ingénierietelles que des digues, qui ne peuvent de ce fait migrer vers les terres, subiront une diminution de leur largeur qui pourra finalement conduire à leur disparition. Les structures côtières en dur empêchent ainsi l’adaptation naturelle des plages à l’élévation du niveau de la mer.
Dans ces conditions, le retrait de ces structures ou, lorsque c’est possible, les solutions fondées sur la nature seront souvent les seules méthodes à appliquer pour sauvegarder l’avenir de ces plages
La moitié des plages dans le monde sont menacées de disparition d’ici 2100
Article de Futura avec l’AFP, publié le 8 mars 2020
Pourra-t-on encore faire des châteaux de sable d’ici la fin du siècle ? Les plages représentent un tiers des littoraux mondiaux. Quand bien même l’humanité réduirait fortement ses émissions de gaz à effet de serre, plus d’un tiers des côtes sablonneuses de la planète pourraient disparaître d’ici 2100. Une étude souligne la nécessité de mettre en œuvre des solutions d’adaptation pour les zones densément peuplées, menacées par l’élévation du niveau de la mer.
Le changement climatique et la hausse du niveau des océans pourraient faire disparaître la moitié des plages de sabledans le monde d’ici à 2100, selon une étude parue lundi dans Nature Climate Change. Même si l’humanité réduit fortement les émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique, plus d’un tiers des littoraux sablonneux sont menacés, selon cette étude.
Leur disparition aurait un impact pour des activités touristiques, mais pas seulement. « En dehors du tourisme, les plages de sable offrent souvent le premier mécanisme de protection contre des tempêtes et des inondations et sans elles, les impacts des événements climatiques extrêmes seront probablement plus forts, a averti Michalis Vousdoukas, chercheur au Centre commun de recherche de la Commission européenne, qui a dirigé l’étude. Nous devons nous préparer ».
Les plages ont un rôle d’interface entre la Terre et l’océan
Les plages de sable occupent plus d’un tiers des littoraux au niveau mondial et se situent souvent dans des régions très peuplées. Mais elles sont menacées par l’érosion due à des constructions nouvelles, la hausse du niveau des mers, des tempêtes, menaçant des infrastructures et des vies.
L’Australie pourrait être le pays le plus durement touché, avec près de 15.000 km de plages de sable rayés de la carte d’ici à 80 ans, devant le Canada, le Chili et les États-Unis. Le Mexique, la Chine, la Russie, l’Argentine, l’Inde et le Brésil font aussi partie des pays en première ligne.
Les scientifiques ont travaillé à partir de deux scénarios, celui du pire, où les émissions de gaz à effet de serre continuent à leur rythme actuel, ou un autre scénario où le réchauffement climatique est limité à 3 °C, un niveau toutefois élevé. Dans le scénario du pire, 49,5 % des plages de sable disparaîtraient, soit environ 132.000 km de côte. Dans l’autre cas, environ 95.000 km seraient concernés.
Le groupe d’experts climat de l’ONU, le Giec, estime dans un rapport publié en septembre que les océans pourraient monter de 50 cm d’ici à 2100 dans le meilleur des cas, de 84 cm dans le pire. De nombreux scientifiques pensent toutefois que ces hypothèses sont conservatrices.