Dominica on line
Le déplacement et la réinstallation planifiée sont des questions cruciales dans le contexte des catastrophes provoquées par les risques naturels, en particulier pour ceux qui vivent dans des zones de basse altitude et des zones dangereuses. Si certains sont contraints de se déplacer en raison de menaces immédiates, nombreux sont ceux qui hésitent à quitter leur domicile en dépit d’un danger important. Cette réticence peut être attribuée à des facteurs économiques, sociaux et psychologiques, notamment un fort attachement au lieu. Il est essentiel de comprendre cette dynamique pour élaborer des stratégies efficaces de réduction des risques de catastrophes qui répondent aux besoins et aux préoccupations des populations immobiles et déplacées.
Lors de systèmes météorologiques, il est souvent conseillé aux habitants vivant près de la mer de chercher un abri ailleurs. Les habitants de Pottersville, en Dominique, ont été à plusieurs reprises touchés par une mer agitée et des ondes de tempête lors du passage de cyclones tropicaux. Lors du passage de l’ouragan Maria en 2017, par exemple, de nombreux habitants de Pottersville ont subi de graves pertes matérielles et ont été temporairement déplacés. Certains ont trouvé refuge chez des membres de leur famille, tandis que d’autres se sont installés dans des abris. À leur retour, ils ont découvert l’étendue de leurs pertes.
En juillet 2024, l’ouragan Beryl a dévasté les îles de Carriacou, Union et Petite Martinique. Cet ouragan de catégorie 4 a apporté de fortes pluies, des vents violents et une mer agitée. En Dominique, les habitants s’étaient préparés à la possibilité d’une tempête tropicale, mais près de 24 heures après le passage de l’ouragan Beryl, les habitants de Pottersville ont subi les conséquences graves d’une mer agitée et d’un niveau supérieur à la normale. Nombre d’entre eux ont perdu leur maison, leur commerce et des équipements essentiels à leur subsistance. Malgré cela, de nombreux habitants ont exprimé leur vif désir de rester dans leur communauté.
Plusieurs facteurs contribuent à la décision de ne pas évacuer :
Facteurs économiques : De nombreuses personnes et familles vivant dans des zones exposées aux catastrophes sont économiquement défavorisées et n’ont pas les ressources financières nécessaires pour déménager. Les coûts associés au transport, à l’obtention d’un nouveau logement et à la recherche d’un nouvel emploi peuvent être prohibitifs. Pour ceux qui dépendent d’emplois locaux, notamment dans l’agriculture ou la pêche, un déménagement peut signifier non seulement la perte de leur maison, mais aussi de leurs moyens de subsistance. La stabilité économique est un facteur important qui lie les gens à leur lieu de vie actuel, rendant la perspective d’un déménagement décourageante et irréalisable.
Liens sociaux et culturels : Les réseaux sociaux et les liens culturels jouent un rôle crucial dans la réticence à déménager. Pour beaucoup, leur communauté est une source de soutien et d’identité. Laisser derrière soi ses amis, sa famille et ses voisins peut s’avérer éprouvant sur le plan émotionnel et isolant sur le plan social. Le sentiment d’appartenance et d’identité lié à un lieu peut l’emporter sur les avantages perçus d’un déménagement dans une zone plus sûre. En outre, certaines personnes peuvent ne pas être en mesure de déménager avec des animaux domestiques ou du bétail. Les populations immobiles, y compris les personnes souffrant d’un handicap physique, n’ont souvent pas d’autre choix que de rester, les laissant se débrouiller par elles-mêmes.
Facteurs psychologiques : La peur de l’inconnu et le confort psychologique d’un environnement familier contribuent également à la réticence à déménager. Les gens sont généralement réticents au changement, surtout lorsqu’il s’agit de bouleverser leur vie. Le traumatisme et le stress associés au déplacement peuvent être écrasants, ce qui conduit à préférer rester sur place malgré les risques. C’est particulièrement vrai pour les personnes âgées, qui peuvent trouver la perspective d’un nouveau départ particulièrement difficile.
L’attachement au lieu : L’attachement au lieu fait référence au lien émotionnel entre les personnes et leur environnement. Cet attachement peut être particulièrement fort dans les zones ayant une valeur historique ou sentimentale importante. Les maisons et les quartiers renferment souvent des souvenirs et des histoires personnelles irremplaçables. La perte d’une maison peut être ressentie comme la perte de son identité et de son passé, ce qui peut être un puissant facteur de dissuasion à la relocalisation.
Pour garantir une protection adéquate aux personnes déplacées par les catastrophes, aux migrants environnementaux et aux communautés vulnérables, il est essentiel d’adopter une approche globale. Cette approche doit prendre en compte les menaces qui pèsent sur la sécurité humaine et fournir des solutions adaptées au contexte, de manière participative. Les solutions doivent être centrées sur les personnes et globales, et donner la priorité à l’engagement des communautés tout en veillant à ce que tous les partenaires nécessaires soient impliqués. Le système national de gestion des catastrophes devrait collaborer étroitement avec les populations locales et les communautés vulnérables, en veillant à ce que leurs voix soient entendues et à ce qu’elles participent aux processus de prise de décision. En impliquant les communautés concernées, en répondant à leurs préoccupations environnementales, économiques et personnelles, et en fournissant des infrastructures et un soutien adéquats, la transition pour les personnes déplacées ou en cours de relocalisation peut être facilitée et plus durable.En outre, les stratégies de relocalisation planifiées doivent tenir compte de la sécurité environnementale et être axées sur la prévention, conçues pour renforcer la résilience à long terme, réduire les risques futurs et veiller à ce que les communautés relocalisées puissent prospérer dans leur nouvel environnement.