Malgré les efforts déployés par les autorités locales, le système éducatif martiniquais est confronté à des défis majeurs. Entre déficits de moyens, inégalités persistantes et manque d’adaptation aux réalités locales, la réussite scolaire des jeunes Martiniquais n’est pas évidente .
Des moyens insuffisants, une organisation défaillante
La Martinique souffre d’un sous-investissement chronique dans ses infrastructures éducatives. En 2023, bien que plus de 19 millions d’euros aient été engagés pour des travaux dans les collèges et lycées, de nombreux établissements restent vétustes, nécessitant des rénovations urgentes .
Par ailleurs, la pénurie de remplaçants aggrave la situation. Le taux d’absentéisme des enseignants est supérieur à la moyenne nationale, mais les remplacements sont rarement assurés, laissant des classes sans cours pendant plusieurs semaines.
Des résultats scolaires préoccupants et des inégalités marquées
Les performances scolaires des élèves martiniquais sont inférieures à la moyenne nationale. Selon l’Académie de Martinique, 30% des jeunes sont en difficulté de lecture . De plus, 13% des adultes de 18 à 64 ans rencontrent des difficultés face à l’écrit, soit un taux d’illétrisme deux fois plus élevé qu’en France hexagonale.
Le taux de jeunes de 15 à 29 ans ni en emploi, ni en études, ni en formation (NEET) atteint environ 26% en Martinique, contre 13% en France hexagonale . Preuve manifeste des insuffisances du système.
Aux problèmes structurels s’ajoute un manque d’adaptation aux spécificités locales.
L’application uniforme des politiques éducatives nationales ne tient pas compte des spécificités socio-économiques, linguistiques et culturelles de la Martinique. Le créole étant largement parlé dans les familles, certains élèves arrivent en maternelle avec une faible maîtrise du français, accentuant les inégalités dès le plus jeune âge. Si le nombre d’enseignants du créole augmente régulièrement c’est le recours au créole de manière globale qu’il faut penser pour améliorer la transmission du savoir.
De plus, le rectorat de Martinique reste dépendant d’une logique de gestion centralisée, limitant les marges de manœuvre des établissements pour adapter leur fonctionnement aux réalités locales.
Des conditions de travail dégradées pour les enseignants
Les enseignants martiniquais font face à des conditions de travail difficiles : surcharge de travail, affectations multiples, précarité, manque de soutien. Ces facteurs entraînent une baisse de la qualité des interactions avec les élèves, une moindre capacité à gérer la discipline et une utilisation accrue de pratiques pédagogiques inefficaces.
Le stress et l’épuisement professionnel diminuent la sensibilité des enseignants aux besoins des élèves, limitent les interactions positives et impactent négativement la réussite scolaire.
Les propositions du SNES Martinique pour améliorer l’éducation
Le SNES Martinique propose plusieurs mesures pour remédier à ces problèmes : l’amélioration des conditions de travail; la lutte contre la surcharge de travail, les affectations multiples et les conditions précaires.
La défense du service public et de l’égalité : l’opposition à la fermeture de postes et à l’utilisation croissante de personnels précaires.
L’Inclusion et l’accompagnement : par une amélioration de l’intégration des élèves en situation de handicap, avec des moyens adaptés pour les AVSI.
Des Investissements et rénovations : l’accélération des reconstructions et rénovations des établissements scolaires.
Enfin le dialogue et l’action syndicale : par la promotion d’un dialogue social réel avec l’administration et le rectorat.
La situation de l’éducation en Martinique est alarmante. Les déficits de moyens, les inégalités persistantes et le manque d’adaptation aux réalités locales compromettent la réussite scolaire des jeunes.
Peu font la relation entre le mal vivre et le déficit éducationnel de la jeunesse, la perméabilité à l’irrationnel des réseaux sociaux, la compréhension erronée de l’histoire, etc.
Gérard Dorwling-Carter