La Martinique dans la CARICOM représente une ouverture pleine de promesses, mais pas sans obstacles.
Le processus d’intégration de la Martinique à la CARICOM s’est déroulé en plusieurs étapes clés. La Martinique a rejoint plusieurs organisations caribéennes avant la CARICOM, notamment la CEPALC en 2012, l’AEC en 2014 et l’OECO en 2015.
Pour sa candidature à la CARICOM, la Martinique a entamé son processus d’adhésion en 2012, avec des négociations longues et complexes pour surmonter les réticences de l’État français et les doutes des partenaires caribéens.
La signature de l’accord d’adhésion est intervenue le 20 février 2025, Serge Letchimy, président de la CTM, a signé l’accord d’adhésion à Bridgetown, Barbade, faisant de la Martinique un membre associé de la CARICOM.
L’accord doit encore être ratifié par le Parlement français avant d’entrer officiellement en vigueur.
Ce processus marque une avancée stratégique pour renforcer les échanges économiques, sociaux et culturels entre la Martinique et les 21 pays membres de la CARICOM
la Martinique s’est officiellement rapprochée de ses voisins caribéens. Cette intégration régionale, souvent évoquée comme un levier de développement, offre de réelles opportunités économiques.
Mais sur le terrain, transformer cette ambition en réalité reste un défi de taille.
Aujourd’hui encore, l’économie martiniquaise demeure très tournée vers la France hexagonale. En 2022, 64 % des importations et 53 % des exportations de l’île concernaient la métropole. À l’inverse, les échanges avec les pays de la CARICOM ne représentent que 1,3 % des importations et 0,8 % des exportations. Un écart qui illustre à quel point la Martinique reste peu connectée à son environnement régional immédiat.
Et pourtant, le potentiel est là.
La CARICOM regroupe quinze États membres et cinq membres associés, soit un marché de plus de 19 millions d’habitants. Pour la Martinique, s’y insérer signifie la possibilité de développer de nouveaux débouchés dans des domaines stratégiques comme l’agroalimentaire, la pêche durable, le tourisme, ou encore la logistique. Des secteurs dans lesquels l’île dispose déjà d’une certaine expertise.
Ses infrastructures modernes constituent un atout majeur :
l’aéroport international Aimé Césaire a accueilli près de 2 millions de passagers en 2023, et le Grand Port Maritime de Fort-de-France, en pleine modernisation, est un point d’entrée important pour les échanges maritimes. Le secteur touristique représente environ 10 % du PIB local, tandis que l’agriculture martiniquaise, centrée sur des filières comme la banane et la canne à sucre, conserve une place essentielle.
Des initiatives existent pour renforcer cette ouverture.
Le programme INTERREG Caraïbes, par exemple, soutient financièrement des projets de coopération régionale. Plusieurs entreprises martiniquaises commencent à s’implanter dans la région, portées par des dispositifs d’accompagnement comme ceux de la Collectivité Territoriale de Martinique ou de la Chambre de commerce.
Mais les obstacles sont encore nombreux.
Le principal frein reste la faiblesse des liaisons entre la Martinique et les autres îles de la région. Faute de connexions maritimes et aériennes régulières, les échanges commerciaux et les partenariats économiques sont difficiles à mettre en œuvre. À cela s’ajoute la barrière linguistique (la plupart des États de la CARICOM sont anglophones), ainsi que des différences réglementaires ou fiscales qui compliquent les relations commerciales.
Enfin, la Martinique devra continuer à diversifier son économie pour tirer pleinement parti de cette ouverture. Miser sur l’innovation, les énergies renouvelables, ou encore l’économie bleue apparaît aujourd’hui essentiel pour construire une croissance durable et compétitive à l’échelle caribéenne.
En somme, la CARICOM offre une réelle opportunité pour la Martinique de s’ouvrir sur sa zone géographique naturelle. Mais pour que cette promesse se concrétise, il faudra franchir plusieurs étapes : renforcer les liaisons régionales, adapter les outils d’accompagnement, et stimuler la transformation de l’économie locale. Une ambition à portée de main, à condition d’en faire une priorité collective.
Gérard Dorwling-Carter