Faut-il généraliser la contraception à 14 ans ? Le regard du Dr Josiane Jos
La pilule contraceptive est-elle un médicament comme les autres ? **** Comporte-t-elle des risques ? ***Lesquels ? *** Depuis juin 2005, confirme Dr Jos, le Centre international de Recherche contre le cancer a classé la pilule contraceptive dans le groupe I , c’est-à-dire celui des substances cancérigènes*** Sur ce sujet particulièrement sensible et qui touche des dizaines de milliers de Martiniquaises et des dizaines de millions de femmes dans le monde, Dr Josiane Jos fournit des réponses utiles à connaître..
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Faut- il généraliser la contraception à 14 ans ?
Telle était la question du micro trottoir du vendredi 4 novembre sur ATV.
Une question apparemment banale, mais ô combien grave, dans sa forme comme dans le fond. Dans la forme, il s’agit de recueillir en quelque sorte l’aval ou la complicité de l’opinion publique pour traiter une question complexe d’ordre sanitaire et légal. Dans le fond parce que la contraception est présentée comme une solution proposée par la société à sa jeunesse, sans expertise préalable alors même que ses enjeux potentiellement graves n’apparaissent nullement dans cette mini enquête. Non seulement le risque-santé est complètement occulté, mais la vie sexuelle de l’adolescente qui devrait être comme pour l’adulte d’ordre privé, est confisquée par la puissance publique. Toute adolescente de 14 ans pourrait être mise sous contraceptif, avant même l’âge de sa majorité sexuelle qui est fixée par la loi française à 15 ans. L’expérience négative de la libéralisation de l’avortement chez les mineures qui peuvent y avoir recours sans autorisation parentale a été un échec puisque l’avortement est devenu un simple moyen de contraception avec les conséquences sanitaires que nous connaissons .L’expérience de la banalisation de la pilule du lendemain sans autorisation parentale n’a pas été évaluée que de nouveau la société se lance dans une nouvelle « Fuite en avant » Certaines mineures prennent du NORLEVO plusieurs fois dans un même mois sans suivi médical et surtout sans que les médecins n’aient de recul sur cette nouvelle pratique.
A l’heure où la suspicion s’étend sur tout ce qui est médicament, ou plus ou moins chimique, et où l’on revendique de partout le retour à la nature il semble que pour la pilule contraceptive il y ait une sorte d’anesthésie des consciences .Nulle part on n’aborde le risque santé qui est un risque majeur .On occulte complètement cette donnée fondamentale, qu’une pilule contraceptive est bien un produit chimique de synthèse dont l’action est de contrecarrer la nature , de bloquer un cycle naturel mensuel qu’elle est avant tout un médicament et comme tel , elle est soumise à des règles de prescription précises qui comprennent des indications et des contre indications et qu’en aucun cas elle ne peut être « généralisée. »Toutes les femmes adultes ne peuvent pas être mises sous contraceptifs ; de même en est il des adolescentes .On pourrait même dire, encore moins les adolescentes, dont les cycles viennent à peine de s’installer de manière plus ou moins régulières.
Ce d’autant plus que la durée prévisible d’utilisation de ce moyen contraceptif peut bien s’étaler sur plusieurs années avec une surveillance aléatoire des risques pourtant bien réels que constituent l’obésité, le diabète, l’hypertension dont on connaît la fréquence aux Antilles .
La pilule contraceptive est loin d’un gadget qui empêche d’avoir un enfant, et une adolescente de 14 ans n’a pas le même comportement physiologique qu’une adulte. L’immaturité de ses organes génitaux la rend particulièrement vulnérable à des complications majeures dont la moindre n’est pas le cancer du sein.
Depuis juin 2005 le Centre international de Recherche contre le cancer a classé la pilule contraceptive dans le groupe I , c’est-à-dire celui des substances cancérigènes. La pilule favorise le cancer du sein surtout quand elle est administrée avant une première grossesse et que s’y ajoutent d’autres xéno-oestrogènes.
Les xéno-oestrogènes sont des hormones étrangères à l’organisme, des produits synthétiques dont l’action est identique à celle des oestrogènes naturels. Parmi ces xéno-oestrogènes figurent le chlordécone et les autres pesticides organochlorés comme le DDT , et aussi le Bisphénol A. Nous savons d’après l’étude HIBISCUS faite en Guadeloupe en 2005 que 80% des femmes ont du chlordécone dans le sang .Et nous savons aussi que 90% de la population a du Bisphénol A dans le sang
On sait également que le cancer du sein est plus fréquent en cas de puberté précoce ce qui malheureusement est le cas de bien des adolescentes .Et qu’il se développe sur une glande mammaire immature c’est à dire plus volontiers chez une femme qui n’a jamais eu d’enfant. Toutes les conditions sont réunies pour qu’apparaisse 15- 20 ans après la généralisation de la contraception à 14 ans, une éclosion de cancers du sein don il faudra prévoir le dépistage et le suivi L’incidence du cancer du sein a triplé en 20 ans et il touche des femmes de plus en plus jeunes en Martinique comme dans l’Hexagone.
Nous sommes donc dans une impasse immense et cette décision de généraliser la contraception à 14 ans si elle était adoptée comme dans certaines régions hexagonales, nous réserve des lendemains potentiellement désenchanteurs.
Si la loi française a fixé la majorité sexuelle à 15 ans, pourquoi vouloir précipiter les choses ? Si les adolescentes sont plus précocement matures, le risque sanitaire est d’autant plus majoré. L’article 227 du Code pénal est toujours valide qui fixe à 15 ans l’âge à partir duquel un individu, s’il est mineur civil peut entretenir une relation sexuelle avec un adulte, sans que cet adulte commette une infraction pénalement réprimée. Ce qui signifie que le partenaire de cette adolescente de 14 ans même si l’acte sexuel ne se termine pas par une grossesse peut encourir une condamnation pénale pour atteinte sexuelle sur mineure, que la relation soit ou non consentie !!
Si le partenaire a moins de 18 ans il faut qu’il ait atteint l’âge de 15 ans pour être lui aussi autorisé à avoir une relation sexuelle.
Pour la loi, l’enfance comme l’adolescence, sont des périodes de la vie extrêmement vulnérables et la société a le devoir de protéger les être fragiles. Parents, et éducateurs doivent y veiller comme le prévoit l’article 227-25 du code pénal qui fait obligation de dénoncer tout atteinte sexuelle sur mineur de 15 ans (une adolescente de 14 ans est une mineure sexuelle).
La vraie question qui se pose à tous est de savoir comment notre société en est arrivée à ce stade, qui la projette dans une impasse médicale et juridique à risque pour tous, Faut il croire que nous avons tous perdu nos repères, que nos souvenirs se sont estompés , car il n’est pas si éloigné ce temps de notre propre adolescence et nos parents bien que moins lettrés que nous ont été en mesure d’assumer.
Les parents d’aujourd’hui sont ils à ce point démunis devant les enfants qu’ils ont mis au monde et ont élevés pour que leur soit enlevée cette responsabilité majeure de faire de leurs enfants de futurs parents. Si tel est le cas pourquoi ne pas alors imaginer que la société puisse leur venir en aide afin qu’ils assument eux-mêmes cette mission éducative ! Que l’on donne aux familles les moyens de restaurer le dialogue avec les adolescentes et les adolescents, afin qu’elles soient réhabilitées dans leur rôle premier d’éducateur, au lieu de la court circuiter. Il y a place pour des écoles de parents et des émissions télévisées, des débats, des émissions radio des échanges d’expérience entre parents. Et puis surtout la société se doit de se rappeler que l’adolescence ne se réduit pas à la puberté que le jeune adolescent a d’énormes richesses que l’on peut mettre en valeur au lieu de le laisser se fourvoyer dans une génitalité à laquelle il n’est pas encore physiologiquement prêt .
Dr J.JOS PELAGE
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