Dans un communiqué publié récemment, l’Académie nationale de médecine exprime ses vives inquiétudes concernant les modifications apportées au projet de loi n°2462 “relatif à l’accompagnement des malades et de la fin de vie”. La prestigieuse institution alerte sur les dangers potentiels liés à l’élargissement des critères d’accès à “l’aide à mourir”, notamment la substitution de la notion de “pronostic vital engagé à court et moyen terme” par celle de “phase avancée ou terminale”. Cette décision, selon l’Académie, pourrait avoir des conséquences dramatiques en étendant cette aide à des personnes qui, bien que souffrant de maladies incurables, peuvent encore vivre de nombreuses années.
L’Académie de médecine souligne que le terme “phase avancée” est particulièrement problématique. Son adoption risquerait d’inclure dans le champ d’application de la loi des patients atteints de maladies neurodégénératives sévères, de cancers métastatiques, ou encore des personnes en situation de handicap important ou souffrant de maladies chroniques compliquées. Bien que ces conditions soient souvent incurables, elles ne menacent pas nécessairement le pronostic vital à court ou moyen terme.
En outre, l’institution s’inquiète de la proposition d’instaurer un “délit d’entrave à mourir”. Cette disposition pourrait, selon elle, brouiller dangereusement la frontière entre un état suicidaire et l’aide à mourir, deux situations qui, bien que liées à une souffrance profonde, nécessitent des réponses radicalement différentes.
Ce communiqué intervient dans un contexte de débat national intense autour de la fin de vie. L’Académie de médecine, fidèle à sa mission de veille et de conseil, appelle à la prudence. Elle invite les législateurs à reconsidérer ces modifications qui, sous couvert d’étendre le droit à mourir dans la dignité, pourraient en réalité ouvrir la voie à des dérives éthiques majeures.