Plus qu’un investissement, la Foire de Paris est incontournable. Entre location de l’espace et la logistique, la facture pour les exposants s’élève très vite à plusieurs milliers d’euros. Un coût qui plombe les finances des artisans qui ont fait le voyage. Côté coulisse, Cape Antilles travaille avec Comexposium, l’entreprise française en événementiel chargée de la Foire pour permettre aux artisans martiniquais d’exposer. Evelyne René-Corail Valleray, entrepreneure dans la mode est aussi la trésorière de Cape Antilles. Elle raconte le travail dans l’ombre pour faire briller la Martinique à la Foire de Paris.
Un ensemble urbain près de la route qui mène à la Meynard. On gravit quelques marches. Puis la porte s’ouvre en grand. Evelyne René-Corail Valleray arbore un chaleureux sourire. Des fleurs, du jaune, des pois, un véritable showroom couture bigarré des tissus et des modèles conçus et imaginés par la créatrice.
Sa marque de prêt-à-porter K’Valls habille ses clientes depuis 1986. Evelyne René-Corail Valleray ne déroge pas à sa règle : tous les ans, elle participe à la Foire de Paris depuis 20 ans. C’est ce qui lui permet d’enfiler la casquette de trésorière pour l’association Cape Antilles qui accompagne les exposants à la Foire de Paris depuis 2013. « Il n’y a aucune volonté politique à ce qu’on y soit », déplore la styliste. Elle explique que les chambres consulaires dont chacun dépend ne peuvent financièrement accompagner les exposants.
Une porte vers l’export
« On y va quand même, nous sommes des entreprises responsables. Il y a un vivier de gens qui souhaitent aller à la Foire de Paris. C’est quand même la première porte vers l’export. » Certaines entreprises se sentent à l’étroit sur le marché de 350 000 habitants que représente la Martinique. « La Foire, c’est difficile, c’est très cher mais comme les politiques ne sont pas avec nous qui ira négocier ? »
Selon Evelyne René-Corail Valleray, le son de cloche n’est pas du tout le même chez les voisins Guadeloupéens et Guyanais. Dans les deux délégations, les rouages sont bien huilés. La modéliste affirme que ces délégations bénéficient d’un précieux soutien logistique de la part de leur collectivité tandis que du côté martiniquais : « Aucun élu ne passe dans nos stands ».

Alors, les artisans de l’île s’organisent par eux-mêmes. « Nous nous regroupons dans un espace. On a un village Martinique. Chaque personne pourrait y aller de son côté mais on ne peut pas vendre la Martinique comme ça. » En effet, la Foire de Paris apparaît comme un passage obligé. Evelyne René-Corail Valleray profite de l’événement pour organiser des rendez-vous professionnels à Paris. Par ailleurs, la Martiniquaise dévoile des chiffres précieux : « L’espace dans lequel nous sommes installés, Richesse du monde, hall des tropiques est le secteur le plus visité. Sur les 7000 visiteurs journaliers, 3500 passent par ici. »
“The place to be”
La popularité de ces travées se répercute sur les prix des espaces. La trésorière de Cape Antilles révèle que pour les 15 exposants martiniquais, l’espace nu vaut 90 000 euros. Le mois de mai reste un mois sinistré pour le tourisme et les activités périphériques « alors nous préférons nous rendre à la Foire. »
Pour autant, Evelyne René-Corail Valleray ne souhaite pas passer à côté de l’opportunité d’exposer à la Foire de Paris. La chef d’entreprise veut élargir sa clientèle à celle de l’Hexagone. Ses vêtements à la touche créole se vendent jusqu’en Italie. « Ca vaut le coupd’exposer à la Foire parce que j’ai des clients toute l’année. »
Selon ses propres mots, la Foire de Paris est un événement incontournable pour la communauté antillaise. En témoigne, le succès de la journée consacrée à la Martinique du 1er mai. « La Foire est un lieu de rencontres extraordinaires », conclut-elle.
Laurianne Nomel