Le président américain était à Kiev lundi 20 février aux côtés de son homologue Volodymyr Zelensky, pour marquer le soutien des Etats-Unis à l’Ukraine. Une étape scrutée partout en Europe, avant que Joe Biden ne se rende le soir-même en Pologne.
Photo de une : Lors de sa visite à Kiev, le président américain Joe Biden a assuré à son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky que Washington soutiendra Kiev « aussi longtemps qu’il le faudra » – Crédits : Présidence ukrainienne CC BY-NC-ND 4.0
« Historique et sans précédent« , entament Les Echos. « Ce sont des images qui entreront dans les livres d’histoire« , abonde Die Welt. Le président américain Joe Biden a effectué une visite surprise à Kiev lundi 20 février pour rencontrer son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky. Une démarche « comparable à [celle de John Fitzgerald] Kennedy à Berlin » en 1963, estime le quotidien allemand.
Pour le portail d’information Telegraf, c’est précisément « le caractère non annoncé » de cette visite qui la rend « encore plus intéressante« . Car Joe Biden était censé venir en Pologne du 20 au 22 février. Mais le président américain est d’abord passé « à Kiev pour manifester son soutien à l’Ukraine et annoncer un nouveau paquet d’aide militaire. Un événement sans précédent« , commente la chaîne de télévision ukrainienne 24 Kanal.
Lors de son passage, Joe Biden a affiché « le soutien indéfectible » des Etats-Unis à l’Ukraine, estimant que « la guerre de conquête » de Moscou est « en train d’échouer« , cite Le Monde. « C’est la visite la plus importante de toute l’histoire des relations entre l’Ukraine et les Etats-Unis« , lui a répondu Volodymyr Zelensky [Il Sole 24 Ore].
Visite hautement symbolique
A quelques jours du premier anniversaire de l’invasion russe en Ukraine, cette visite du président américain est hautement symbolique. Le jour l’était déjà, puisqu’il célébrait les neuf ans du mouvement Euromaïdan, « le soulèvement populaire [de 2014] qui a abouti au renversement du gouvernement pro-russe et à la fuite du Premier ministre Viktor Ianoukovytch« , explique le quotidien italien Il Sole 24 Ore.
Pour El País, « les Etats-Unis ont offert lundi le plus grand symbole de soutien politique à l’Ukraine depuis le début de la guerre« . Un « engagement très fort », illustré par le fait que « jamais un président des Etats-Unis ne s’était rendu dans un pays attaqué par l’armée russe, dont la capitale peut être visée à tout moment« , ajoutent Les Echos. Le journal Le Monde rapporte que la relation entre les deux présidents est devenue au fil du temps « très personnelle, presque intime, malgré les trente-cinq ans d’écart qui les séparent« .
« En tant qu’alliés et partenaires, nous continuerons à soutenir votre cause, nous sommes toujours prêts à parler de ce dont vous avez besoin, nous sommes à vos côtés« , a martelé Joe Biden, cité par Il Sole 24 Ore.
Poursuivre le soutien
Car « bien sûr, on ne pouvait éviter de parler des armes » lors de cette entrevue, poursuit le quotidien italien. Le président américain a ainsi annoncé une nouvelle tranche d’aide militaire, à hauteur de 450 millions de dollars, soit environ 420 millions d’euros. Celle-ci « comprend en grande partie des munitions pour les systèmes de lance-roquettes multiples Himars et les canons Howitzers, ainsi que des missiles antichars Javelin supplémentaires et des radars de surveillance aérienne« , détaille Le Monde.
Le président ukrainien a par ailleurs confirmé avoir discuté de la livraison de missiles longue portée et d’avions de chasse F-16. « Des armes probablement capables de frapper de l’autre côté de la frontière, en Russie« , précise Il Sole 24 Ore, mais « dont Washington s’est refusé à envisager la livraison jusqu’à présent » [Le Monde].
Pour certains médias européens, la visite de Joe Biden montre également les limites de la défense européenne. Pour l’Allemand Die Zeit par exemple, « l’Europe s’était un jour promis de s’en sortir sans les Etats-Unis. Mais […] le continent ne regarde pas d’abord vers Bruxelles pour coordonner le soutien à l’Ukraine. […] Plutôt vers Washington« . Dans les colonnes du Washington Post, l’éditorialiste américain Ishaan Tharoor est encore plus explicite : la visite de Biden à Kiev et Varsovie est pour lui « un rappel de qui dirige réellement l’Europe ».
Etape polonaise
Après Kiev, Joe Biden s’est rendu en Pologne pour rencontrer « son homologue Andrzej Duda et des alliés d’Europe de l’Est« , détaillent Les Echos. Il doit y faire une nouvelle allocution, peu après celle de Vladimir Poutine ce matin à 10h.
Dans son discours annuel à la nation, le président russe a de nouveau présenté la guerre qu’il mène en Ukraine comme une « opération spéciale » visant à « éliminer les menaces venues d’un régime néonazi existant en Ukraine », et accusé « les élites de l’Occident » de vouloir « en finir avec [la Russie] une bonne fois pour toutes » [Challenges].
Le choix américain de Varsovie n’est pas un hasard : la Pologne est désormais considérée comme le « nouveau pilier de la stratégie américaine en Europe » [Le Figaro]. Et depuis le début de la guerre en Ukraine, le budget militaire du pays a explosé. « Son armée pourrait devenir la plus puissante du continent, conférant à Varsovie un poids nouveau dans le jeu diplomatique« , estime la radio suisse RTS.
« En aidant l’Ukraine, la Pologne se replace au centre de l’Union européenne, diplomatiquement, militairement, et peut-être, demain, géographiquement« , conclut le quotidien belge La Libre.