Trois jours pour découvrir ou redécouvrir l’Histoire avec un grand H de la Martinique. Lors de ces journées européennes de l’archéologie, ce vendredi, samedi et dimanche, les plus curieux pourront plonger dans le passé lointain parfois proche dans les nombreux sites animés pour l’occasion.
Ce vendredi, samedi et dimanche sera l’occasion de s’armer de son chapeau traveller feutre et de son fouet pour jouer les Indiana Jones. Outre les aventures de l’archéologue sur grand écran, il n’est en fait nullement la peine de se fournir d’un fouet pour procéder à des fouilles. Ces journées européennes de l’archéologie mettent en lumière une discipline souvent mécomprise du grand public dans plus de 20 pays européens. Trois journées pour rendre accessible l’archéologie. Afin d’éveiller les consciences dès le plus jeune âge, ce vendredi 13 juin sera consacré aux scolaires. Des musées et des sites archéologiques offrent des gratuités exceptionnelles pour l’évènement, des ateliers seront également organisés. Le musée de l’archéologie territorial, à Fort-de-France, l’écomusée à Rivière-Pilote, le centre de conservation et d’études archéologiques joueront le jeu ce week-end.
Des sites comme Vivé au Lorrain, surnommé la Pompéi des Antilles sont des fleurons de l’archéologie en Martinique. « Des gens étaient là, ils ont vu une éruption qui se déroulait sous leurs yeux. Ils se sont enfuit en laissant tout en place figeant ainsi un état de conservation parfait avec des céramiques entières », explique Arielle Gévaudan, conservatrice du patrimoine au service de l’archéologie de la direction des affaires culturelles en Martinique, confirmant là l’exceptionnalité de Vivé.

« Ce qu’il ne faut pas oublier, c’est qu’il y a toute la période coloniale donc l’époque moderne et contemporaine qui ont créé beaucoup de vestiges qui ont marqué notre territoire et qui conséquemment intéressent fortement les archéologues. »Elle poursuit : « Tous les restes de l’activité humaines sont considérés comme des vestiges archéologiques quelque soit la période du temps concerné. » La conservatrice du patrimoine partage même avoir eu l’expérience d’avoir étudié un plateau de tournage des années 1970.
Sous l’égide de Benoît Bérard, professeur des universités et l’association Karisko, il sera possible de faire un saut arrière dans le temps. Un programme d’archéologie expérimentale permet d’appréhender la kanawa. Cette embarcation amériendienne est une très grande pirogue faite en un seul tronc de bois. Elle peut contenir jusqu’à 25 navigateurs. « C’est ainsi que les Antilles ont été conquises depuis le Venezuela », précise Arielle Gévaudan. « L’idée est d’entraîner un équipage de kanawaki afin de faire des relevés scientifiques en fonction de la houle et du positionnement du vent. » Samedi matin, à l’anse Figuier, des ateliers remettront au centre la kanawa. Les curieux auront l’occasion de se mesurer à la kanawa, pagaie à la main. Des initiations d’une dizaine de minutes seront possibles. L’écomusée de l’anse Figuier possède également des vestiges de l’époque précolombienne.
L’exposition « Martinique, Terre de plongeurs » de château Gaillard portera sur l’époque coloniale notamment sur les scaphandriers, les premiers explorateurs des mers. « Nous avons énormément d’épaves qui ne sont pas forcément référencées mais qui sont bien là et d’époque d’hier jusqu’au XVIIe siècle », précise Arielle Gévaudan.
Le musée de Fort-de-France s’est paré d’arguments majeurs pour ces journées européennes de l’archéologie avec son exposition « Saint-Pierre, avant et après 1902 ». Le musée a pour l’occasion emprunté des objets issus du centre de conservation et d’études. Ils seront présentés pour la première fois au public.
A noter, le musée de la Pagerie qui n’apparait pas comme une évidence dans le cadre des journées européennes de l’archéologie mais qui y trouve sa place. « Une exposition dans les cuisines remet en valeur les personnes esclavagisées dans l’habitation en leur redonnant un nom, en les faisant revivre à travers cette exposition alors que c’est là que l’on a le moins de traces. » Elle poursuit : « Les seules trace qu’on peut trouver, c’est l’archéologie puisque nous allons chercher les preuves matérielles de leur existence. Nous n’avons pas de traces écrites sur les personnes esclavagisées. »
Laurianne Nomel