“Grâce à l’innovation et à la digitalisation, nous offrons aux participants une expérience enrichie, tout en préservant l’essence traditionnelle de notre carnaval.”
Le carnaval de Fort-de-France (Kannaval Kapital) rassemble chaque année des milliers de “Kanavaliés” et de passionnés. Pour cette nouvelle édition, de nombreuses innovations sont mises en place, notamment une digitalisation accrue et une meilleure organisation des acteurs du carnaval. Miguel René-Corail, chargé de l’organisation du carnaval à la ville de Fort-de-France, nous présente les nouveautés et les enjeux de cette grande fête populaire.
Quelles sont les grandes nouveautés du carnaval de Fort-de-France cette année ?
La première grande nouveauté, c’est le lancement du site internet kannavalkapital.com. Nous avions constaté un déficit d’image et d’information autour du carnaval de Martinique. Ce site permet d’y remédier en proposant un espace dédié à l’histoire du carnaval, à la présentation des personnages emblématiques, ainsi qu’à la mise en avant des groupes carnavalesques.
Il permet aussi aux Martiniquais de s’inscrire et de participer activement à l’événement. Par exemple, les visiteurs peuvent demander des laissez-passer pour circuler ou stationner plus facilement durant les festivités. Nous avons vraiment voulu digitaliser l’expérience pour une meilleure organisation et une participation plus fluide.
Vous avez mentionné “les Zétwal Kannaval Kapital”. De quoi s’agit-il exactement ?
C’est une innovation qui vise à récompenser et valoriser les acteurs du carnaval. Nous ne parlons plus de “concours” à proprement parler, mais plutôt de “valorisation“.
Avec ce nouveau système, les groupes et participants sont mis en avant grâce à un système de vote interactif. Un QR code leur est attribué, que les spectateurs peuvent scanner pour donner leur avis et soutenir leurs préférés. Cette démarche vise à impliquer davantage le public et à rendre hommage à tous ceux qui participent à la richesse culturelle du carnaval.
“Le carnaval de Fort-de-France est bien plus qu’une simple fête ; c’est une célébration de notre identité culturelle et une vitrine de la créativité martiniquaise.”
Un autre élément marquant de cette édition semble être l’organisation des “Bwadjak” et des “Loto-Bwi”. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Les BwaJak sont ces véhicules personnalisés qui participent activement à l’ambiance du carnaval. Cette année, nous avons fait un travail important de structuration en collaboration avec leurs propriétaires. Nous sommes passés de 30 à 51 Bois Jack, ce qui est un vrai succès.
Quant aux LotoBwi, ce sont des véhicules qui ont été renommés avec l’accord de leurs propriétaires. Nous avons souhaité leur donner une identité propre, car ces voitures font partie intégrante du carnaval et de la culture martiniquaise. Plutôt que de les considérer comme une nuisance, nous avons préféré les intégrer et structurer leur participation.
Comment avez-vous géré les problèmes de nuisance sonore, qui sont souvent pointés du doigt ?
Nous avons mené un véritable travail de dialogue avec les jeunes et les passionnés de véhicules sonorisés. Il est primordial d’écouter leurs attentes et de leur proposer un cadre organisé.
Cette année, nous avons mis en place un dispositif qui a permis de réduire considérablement le bruit avant et pendant les festivités. Depuis décembre, nous avons constaté une baisse significative des nuisances, ce qui montre que notre approche porte ses fruits.
Quel impact attendez-vous en termes de participation et de retombées économiques ?
L’année dernière, nous avons comptabilisé environ 80 000 personnes par jour, notamment le dimanche et le mardi gras. Sur l’ensemble de la période du carnaval, cela représente environ 300 000 participants.
En termes de budget, la ville de Fort-de-France mobilise beaucoup d’argent pour assurer le bon déroulement des festivités. Plus de 200 agents de sécurité sont déployés, ainsi que 300 employés municipaux. C’est un événement qui demande une organisation rigoureuse, mais dont les retombées économiques pour l’île et pour Fort de France sont considérables.
Le site internet sera-t-il actif toute l’année ou seulement pendant la période du carnaval ?
Nous avons conçu kannavalkapital.com comme une plateforme vivante. Elle ne sera pas éphémère, bien au contraire.
Ce site permettra d’accéder à l’histoire du carnaval tout au long de l’année, mais aussi de suivre l’actualité de l’événement et de ses acteurs. L’idée est d’en faire un outil de mémoire et de valorisation de notre patrimoine culturel.
Un dernier mot pour les Martiniquais et les visiteurs ?
Le carnaval est une fête de partage et d’expression culturelle. Nous avons tout mis en œuvre pour que chacun puisse y participer pleinement, dans un cadre organisé et sécurisé.
Je vous invite à vous rendre sur le site kannavalkapital.com, à suivre les événements, à voter pour vos groupes et à vivre pleinement cette grande fête populaire !
Philippe PIED