Organisé par la FRBTP et le Magazine Bâtisseurs, pour sa première, le méchoui des professionnels du BTP a rencontré un vif succès. 200 personnes étaient invitées au Gros-Morne, samedi 21 juin. L’occasion de soulever des thématiques du secteur afin de livrer des informations utiles aux entrepreneurs du BTP.
Les agneaux à la broche tournent et le fumet envahit la salle des Hibiscus. L’odeur met en éveil l’appétit des convives. Après une matinée pleine d’informations, il est temps de remplir son estomac. En effet, en ce samedi matin au Gros-Morne, les acteurs de l’économie de l’entrepreneuriat se sont penchés sur le cas parfois délicat du domaine du BTP.

Félix Happio, président de la Capeb (Confédération artisanale des petites entreprises du bâtiment) enthousiasmé par l’événement était l’un des premiers arrivé. Il est venu en quête de solutions pour selon lui « un secteur qui se porte très mal. » Félix Happio est inquiet pour l’avenir des petites entreprises du BTP. « Nous sommes en pannes pour les activités du bâtiment et métiers connexes. Souvent les marchés dans les règles qui sont demandées outrepassent les possibilités des petites entreprises. De plus, elles ne sont pas toujours à jour de leurs cotisations sociales et fiscales. » Dans le BTP, la vision sur les chantiers à venir est primordiale. Selon Félix Happio, le BTP reste un secteur d’avenir pour les jeunes sous conditions : « Pour qu’un jeune puisse s’installer il faut qu’il ait de la volonté et il faut vouloir beaucoup travailler. »

En tant que maire de la ville hôte, Gilbert Couturier se devait d’être présent pour ce moment de convivialité, de partage et d’échange. « C’est incontournable quand on a la tête toujours plongée dans la bétonnière, il faut prendre le temps de s’arrêter de travailler et de souffler. » Le maire explique que dans le cadre d’un plan pluriannuel, plus de 80 millions d’euros d’investissement seront injectés dans son territoire. Gilbert Couturier connaît le monde du BTP puisqu’outre sa casquette d’édile, il est coordinateur social à l’Amep CFA-BTP de Ducos, le centre de formation. Il confesse que les vocations se font rares dans le métier auprès des jeunes. Pourtant le BTP a des arguments avec une convention collective avantageuse. Du haut de ses 15 ans au CFA, il aura vu des élèves devenir entrepreneurs, encadrants voire revenir dans l’établissement en tant que formateurs.

Le préfet, Étienne Desplanques a tenu à montrer tout son soutien au secteur du BTP par sa présence. « Quand le secteur du BTP en Martinique tousse, c’est tout le territoire qui tousse ». Il a voulu appuyer sa présence donc celle de l’État auprès des entrepreneurs. « Autant l’économie martiniquaise est résiliente face aux aléas du monde malheureusement celui du BTP comme celui du transport, on voit une baisse d’activité. » Il a notamment évoqué les délais de paiement avec une tendance plutôt positive sur les communes. Il décrit le BTP comme étant un secteur d’avenir : « Il faut le dire et le redire, dans le secteur du BTP, on travaille mais on est correctement payé, on a de la perspective. Ca n’a pas de prix. Nous devons y travailler en rendant plus attractive l’image qu’a le secteur. » Il affirme que paradoxalement, la filière est en crise car en baisse d’activité pour autant elle recherche très activement des salariés. « Les perspectives sont colossales. Il y aura tout le temps des chantiers. Il faut réussir à connecter ces jeunes parfois éloignés de l’emploi. »

La fédération française du BTP Martinique était également présente en la personne de son président, Brice Roussilhe. Nouvellement élu, le jeune président veut rapprocher les deux fédérations FRBTP et FFB. « Pour le bien commun, il faut que l’on puisse travailler main dans la main. » Même si les petites entreprises sont plus nombreuses que les plus grandes, le rapport d’interconnectivité reste fort. « Les petites entreprises ont besoin des grosses et les grosses ont besoin des plus petites. Il ne faut pas faire des scissions. Il faut que tout le monde réussisse à travailler ensemble. »

Contrairement aux préjugés courant dans le monde du BTP, l’assemblée était largement féminisée, samedi. Parmi les entrepreneurs, Stéphanie Clairicia également élue à la Chambre des métiers mais aussi présidente de l’organisation professionnelle des électriciens de Martinique. « Après le Covid, on a eu pas mal de personnes qui ont décidé de changer de voie. » À cela s’ajoute l’évolution du numérique. « Le métier manuel n’attire plus », se désole celle qui recherche de la main-d’œuvre. « C’est un métier d’avenir. On aura toujours besoin d’électricien, de carreleur, de plombier. Ce ne sont pas des métiers qui vont disparaître demain. Ils sont en tension parce qu’on manque de main-d’œuvre. Nous devons rendre les métiers plis attirants.» Le BTP, ce n’est pas uniquement l’image de la truelle et du béton. Des appareils permettent de soulager les tâches physiques, des drones sont utilisés également. « Il faut montrer que nous sommes dans le BTP nouvelle génération, le BTP 2.0. »

« C’est une première particulièrement réussie de l’avis général. Nous avons trouvé le moment génial », se satisfait Jean-Yves Bonnaire, secrétaire général de la FRBTP Martinique. Le Magazine Bâtisseurs et la FRBTP ont rempli leur objectif : réunir les entreprises de travaux et d’échanger. « Nous voulions retrouver un état d’esprit conquérant », intervient-il. D’après le secrétaire général, les discours montrent qu’en dépit des difficultés, c’est un secteur qui a besoin de beaucoup de potentiel et qui saura rebondir. Il a souhaité créer un temps convivial en période de crise. « Au-delà de notre cercle adhérent, nous avons tout un secteur auquel il faut apporter des réponses. » Jean-Yves Bonnaire convient qu’il faut dépoussiérer l’image du BTP auprès des jeunes et des autres. « Les familles sont souvent prescriptrices. Et peut d’entre elles encourages leurs enfants à intégrer ce secteur alors qu’il s’agit d’une très belle filière. »
Très satisfait de cette journée consacrée au BTP, Jean-Yves Bonnaire parle d’ « un événement à répéter ».
Laurianne Nomel