Close Menu
ANTILLA MARTINIQUE | Avec vous depuis 1981

    Abonnez-vous

    Recevez les dernières actualités créatives de ANTILLA concernant l'art, le design et les affaires

    Les tendances du moment

    LITTÉRRATURE. Maryse Renaud ressuscite Cyparis : un roman caribéen vibrant entre cendres, mémoire et exil

    mai 19, 2025

    Emmanuel Macron, une dissolution plutôt qu’une autre ? Une Contrechronique de Y. L MONTHIEUX.

    mai 19, 2025

    Relance, reconstruction et financement : les Outre-mer face à l’urgence et aux mutations. La Lettre de la FEDOM

    mai 19, 2025
    Facebook X (Twitter) Instagram
    ANTILLA MARTINIQUE | Avec vous depuis 1981ANTILLA MARTINIQUE | Avec vous depuis 1981
    • Rubriques
      • Art/Culture
      • Ecologie / Environnement
      • Patrimoine
      • Entreprises
      • Le Regard de Gdc
      • Édito de Henri PIED
      • Politics
      • Santé
      • Sports
      • Caraïbe
    • Newsletter 
    • Publicité
    • Contact
    annonces
    ABONNEMENT
    ANTILLA MARTINIQUE | Avec vous depuis 1981
    Home » La masque attitude ou la contrainte d’inventer une autre culture. (Publié le 27/09/2020).
    Actualité

    La masque attitude ou la contrainte d’inventer une autre culture. (Publié le 27/09/2020).

    septembre 27, 2020Aucun commentaire
    Facebook LinkedIn WhatsApp

    Illustration : L’un des propriétaires de la boutique de masques de protection « The F…ing Mask » pose pour une photo à Paris, le 28 mai 2020. La boutique, qui a ouvert une semaine plus tôt, vend des masques en tissu pour se protéger contre le Covid-19. Th


    Symbole de la pandémie, l’image du face-à-face masqué restera longtemps dans les mémoires. Sans médicament ni vaccin, les humains ne peuvent pas lutter contre le virus. Il est même probable que le SARS-CoV-2 devienne endémique. Nous devons en conséquence nous familiariser avec son mode de contagion et apprendre à vivre avec lui. La propagation interhumaine possible par les voies respiratoires et la forte charge virale 24h à 48h, avant l’apparition des symptômes, rendent ce virus redoutable et difficile à repérer.


    La nouvelle culture consiste à intérioriser une autre proxémie, c’est-à-dire de nouvelles distances sociales avec des conséquences sur les personnes, les familles, les groupes et les sociétés. Avatar imprévu de la globalisation économique, cette nouvelle culture planétaire se décline toutefois d’une personne à l’autre, d’une société à une autre, selon les histoires et les possibles.

    Dans la vie quotidienne, chacun d’entre nous devons reculer, ne plus toucher ni embrasser, apprendre à regarder, à considérer l’autre autrement pour adopter la Cov-attitude. Des changements importants, car ils affectent l’identité par impossibilité de se rassembler pour célébrer, fêter, se réconforter, travailler et créer ensemble.

    Apprendre les bonnes distances

    Pour le moment, on peut distinguer deux temps dans le rapport culturel des sociétés à la pandémie. Le premier temps, celui du confinement, total ou partiel (rares sont les sociétés qui ont pu sans passer) et qui a provoqué de la sidération, de la dérégulation et l’arrêt. C’est le temps nécessaire pour s’adapter à la pathologie inconnue du Covid-19 et pour ajuster le nombre de malades à l’acceptable d’une société, un arbitrage entre l’économie et la santé de la population au regard, notamment, de la capacité d’accueil des hôpitaux (nombre de respirateurs artificiels).

    La seconde étape, le déconfinement concerne toutes les sociétés, la reprise n’est pas une libération, mais une zone grise soumise au risque de répliques. Elle équivaut au temps long de l’apprentissage, par chacun d’entre nous, de la bonne distance à autrui, pour vivre, sans trop de risque, avec le SARS-CoV-2, dont il convient de supposer en permanence la présence. En plus d’une question éminemment sociale, économique et médicale, le temps long de l’après-crise est aussi culturel, identitaire et psychologique.

    Une approche anthropologique de la question consiste à relever la diversité des réponses apportées par les sociétés, pour intérioriser la nouvelle culturelle de l’exacte distance pour maintenir sous un seuil acceptable la propagation du virus et donc le taux de mortalité.

    Lorsque notre « bulle personnelle » est affectée

    L’anthropologue Edward Hall a montré comment notre manière d’occuper l’espace en présence d’autrui est un marqueur de l’identité. Il mobilise la notion de bulle personnelle : un périmètre de sécurité individuelle qui délimite une zone d’émotion forte, variable selon les cultures.

    Chaque culture valorise une bonne distance de soi aux autres, plus proche, ou plus distante. Selon Hall, au regard du mode de propagation du virus, c’est la « distance personnelle », celle qu’il qualifie de « conversations entre particuliers » située entre 45 et 135 cm qui est principalement affectée. Ce qu’il appelle la « distance intime » (- de 45 cm) demeure inchangée au sein de chaque unité de confinement, sachant toutefois que cette distance peut être affectée par la suspension des salutations propres à certaines sociétés. Vivre avec le virus consiste à apprendre à relocaliser nos interactions avec ceux qui ne partagent pas notre unité de confinement.

    Le philosophe Peter Sloterdijk permet d’affiner l’analyse proxémique de Hall. Il nous invite à comprendre l’articulation entre la notion de bulle et de masque.

    Pour le philosophe, la fonction proxémique peut être tenue par le masque. La bulle rend alors compte du périmètre du rapport aux autres et le masque est le symbole de la catastrophe qui s’y déroule.

    Le masque évoque la catastrophe

    Le masque est certes, un auxiliaire médical de la régulation du taux Ro – le taux de reproduction de base du virus (Ro) repose sur la durée de contamination du malade, le risque de transmission et le nombre de contacts – un paramètre crucial de gestion de l’épidémie.

    Mais il devient aussi une image emblématique de la pandémie et l’objet même d’une culture proxémique particulière. Appropriée par les populations, la fabrication des masques en tissu libère l’inventivité. Esthétiques, ils se parent de couleurs, de motifs. Ils véhiculent messages, humour. Le masque peut devenir moyen de séduction, avec une prime aux beaux yeux, au regard qui tue.

    Très tendance, apparaît au Sénégal « la masque attitude », la confection et le port de masques à la mode. Artiste confinée, Jeanne Vicerial, dévoile chaque jour un modèle de quarantaine vestimentaire où le masque tient un rôle-titre

    Au Mexique, dans certains quartiers populaires, le masque peut arborer le nom de la bande qui le distribue, tel « El Chapo 701 », et en Israel, il peut s’adapter aux ultra-orthodoxes barbus.

    Au-delà de la raison médicale, surinvestie, le masque facilite, rappelle, permet, autorise, la prise de distance, imposée par la présence du virus et le meilleur instrument de la nouvelle culture à la fois locale et planétaire à laquelle nous sommes conviés pour une bonne entente avec le virus.

    Le visage humain est un langage

    Chacun de nous, membre d’une société, doit inventer sa réponse au virus. Pour nous y aider, la relation bulle – masque conduit, explique Sloterdijk, à conceptualiser la nature de l’espace interfacial dans des circonstances difficiles, potentiellement dramatiques.

    Le visage humain est un regard et un langage, précise Emmanuel Lévinas. Et en suivant Sloterdijk, le « prosopom », le visage humain, est « ce que l’on apporte à la vision des autres ».

    C’est bien ce prosopom qui est affecté dans l’imbrication réciproque de la vue (le visage est ce qui se présente au regard de l’autre et ce qui est vu par sa propre vision). Avec l’épidémie, par la mise à distance de l’autre à la faveur des gestes barrières – dont le port du masque est un élément notoire de la mise aux nouvelles normes de la vie sociale –, c’est le jeu interfacial qui se trouve affecté.

    Dans notre confrontation au SARS-CoV-2, l’espace interfacial, l’autre, ou soi pour l’autre, tous deux porteurs potentiels du virus, contient un risque. Espace interfacial singulier, dans la bulle masquée, le face-à-face devient à la fois vecteur, image et symbole d’une éventuelle transmission de la maladie, et l’autre masqué devient partenaire de notre vigilance à l’égard du virus, en ce qu’il nous pousse à la même attitude.

    Se remémorer une peur salutaire

    Avec la pandémie, en dehors des membres de son unité de confinement, la rencontre est potentiellement dangereuse. Le masque devient pédagogie, le bon outil pour instituer l’espace d’une peur salutaire qui protège soi et les autres.

    Dans ce face-à-face, où se tient l’incertitude, celle de la maladie, voire de la mort, le masque entre en scène pour rappeler l’éventualité. Le visage masqué dramatise le risque, l’incertitude, l’aléatoire de toutes rencontres en temps de pandémie ; le masque parle, il dit quelque chose de nous à l’autre et inversement. Par le port généralisé du masque, la peur s’en trouve partagée, elle devient un sentiment réciproque. Il nous aide culturellement, personnellement, à prendre la distance, à nous accorder aux mesures des précautions sanitaires qui sont les nouvelles normes de la vie sociale. Le masque constitue en cela une véritable recommandation anthropologique.

    Articles similaires

    Partager. Facebook LinkedIn WhatsApp
    Article précèdent Comment la danse peut aider à lutter contre la dépression, Parkinson et autres maladies neurologiques (publié le 27/09/2020)
    Article suivant [Revue de presse] L’empoisonnement d’Alexeï Navalny ravive les tensions entre Moscounu et Berlin (Publié le 27/09/2020)

    ARTICLES SEMBLABLES

    Relance, reconstruction et financement : les Outre-mer face à l’urgence et aux mutations. La Lettre de la FEDOM

    mai 19, 2025

    CHU DE LA MARTINIQUE. Une certification qui donne confiance et envie d’avancer

    mai 19, 2025

    KRÉYOLOMAJ BA MANO

    mai 19, 2025
    Ajouter un commentaire
    ECRIVEZ UN COMMENTAIRE Cancel Reply

    Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

    Actualités de la Caraïbe
    Caraïbe

    St. Lucie- Ne nous laissons pas définir par la culture du rhum

    Caraïbe mai 19, 2025

    St  Lucia Times ParRédaction Il y a quelques années, un rapport sur la consommation d’alcool…

    La CHTA exhorte les États-Unis à envisager des exceptions caribéennes aux frais et tarifs de service portuaire proposés

    mai 19, 2025

    Le pouvoir qu’elles détenaient : trois femmes qui ont changé les Caraïbes

    mai 19, 2025

    Vous ne pouvez atteindre ces hôtels des Caraïbes que par bateau — et c’est tout l’intérêt

    mai 19, 2025
    ANTILLA MAI 2025. abonnez-vous !
    VIENT DE PARAÎTRE
    22 MÉ 2015
    VOUS AVEZ DIT SANTÉ ?!
    De l’idée à l’action, avec vous au quotidien
    EVADEZ-VOUS …ENVOLEZ-VOUS !

    Abonnez-vous

    Recevez les dernières actualités de Antilla Martinique.

    Merci ! Votre demande a bien été prise en compte.

    Publiez vos annonces Légales
    Consultez les annonces légales
    Consulter nos anciens numéros
    Nos différentes rubriques
    Archives
    © 2025 Copyright ANTILLA. Tous drois réservés. Programmé par ANTILLA.
    • CONTACTEZ-NOUS
    • MARKETING
    • MENTIONS LÉGALES
    • CONSULTEZ LES ANNONCES LÉGALES

    Type above and press Enter to search. Press Esc to cancel.