Close Menu
ANTILLA MARTINIQUE | Avec vous depuis 1981

    Abonnez-vous

    Recevez les dernières actualités créatives de ANTILLA concernant l'art, le design et les affaires

    Les tendances du moment

    De l’Expérimentation à la Quête de Sens : La Redéfinition des Relations par la Génération Z

    juin 15, 2025

    Déploiement de la Garde nationale à Los Angeles en juin 2025 : une intervention fédérale sous le feu des critiques

    juin 15, 2025

    USA: Alors que l’armée célèbre son 250e anniversaire, les responsables affirment que la nature apolitique de l’armée est menacée

    juin 15, 2025
    Facebook X (Twitter) Instagram
    ANTILLA MARTINIQUE | Avec vous depuis 1981ANTILLA MARTINIQUE | Avec vous depuis 1981
    • Rubriques
      • Art/Culture
      • Ecologie / Environnement
      • Patrimoine
      • Entreprises
      • Le Regard de Gdc
      • Édito de Henri PIED
      • Politics
      • Santé
      • Sports
      • Caraïbe
    • Newsletter 
    • Publicité
    • Contact
    annonces
    ABONNEMENT
    ANTILLA MARTINIQUE | Avec vous depuis 1981
    Home » La théorie décoloniale ne constitue pas un repaire d’islamo-gauchistes » TRIBUNE
    Tribunes

    La théorie décoloniale ne constitue pas un repaire d’islamo-gauchistes » TRIBUNE

    décembre 3, 2020Mise à jourdécembre 3, 2020Aucun commentaire
    Facebook LinkedIn WhatsApp

    Jean-Louis Laville,Professeur du Cnam, titulaire de la Chaire « Economie solidaire ».


    Loin de manifester un rejet de la connaissance occidentale, les recherches dites décoloniales nourrissent la réflexion sur l’interculturalité et la prédation des ressources naturelles, affirme Jean-Louis Laville, professeur du CNAM.

    Tribune. Une centaine d’intellectuels signent dans Le Monde du 1er et 2 novembre un manifeste dans lequel ils condamnent « les idéologies indigéniste, racialiste et décoloniale ». Certes, dans cet ensemble hétérogène que l’on désigne comme la pensée décoloniale, il existe des textes dans lesquels une orientation racialiste est perceptible, et des groupuscules s’en revendiquent pour justifier leur identitarisme. Mais cela n’autorise pas à invalider l’ensemble de l’école décoloniale. Un argumentaire scientifiquement étayé ne peut se contenter de dénoncer toute une mouvance aux contours flous.

    Article réservé à nos abonnés Lire aussi Université : « Les libertés sont précisément foulées aux pieds lorsqu’on en appelle à la dénonciation d’études et de pensée »

    L’une des critiques récurrentes de ce courant de pensée vise un système-monde inauguré par la « découverte » de l’Amérique et justifié par la séparation de la culture et de la nature mais aussi par une hiérarchie des cultures selon laquelle les plus primitives seraient celles restées proches de la nature, les plus civilisées étant celles qui s’en sont affranchies. Cette critique rejoint à bien des égards les positions exprimées par Philippe Descola, Bruno Latour ou Pierre Charbonnier : tous contestent une modernité ayant voulu établir son autorité sur la nature comme sur les non-modernes.

    L’épuisement du socle épistémologique sur lequel repose cette modernité se manifeste désormais. Avec les dégâts engendrés par l’anthropocène, nous vivons une période de mutations qui, comme le rappelle Charbonnier, se traduit par une accentuation des menaces. La déstabilisation des sociétés et des rapports à la terre, Karl Polanyi [économiste hongrois, 1886-1964] l’a montré, porte en elle le danger d’une montée des tendances fascistes dont l’islamisme politique est l’une des déclinaisons actuelles.

    Réflexion sur l’interculturalité

    Face à ces dangers, l’issue ne peut être aujourd’hui la fermeture sur un héritage national et l’exclusion des approches venues d’ailleurs. Loin du piège de la guerre des mondes dans lequel l’islamisme voudrait nous enfermer, il importe dans cette période troublée de s’attaquer à ce qui a limité la démocratie jusqu’ici, et en particulier le déficit de dialogue entre Sud et Nord. C’est ce à quoi contribue une partie de la pensée décoloniale.

    Ainsi, tout en reconnaissant l’apport de la théorie critique européenne en matière d’analyse des dominations, Boaventura de Sousa Santos [sociologue portugais] insiste sur une possible complémentarité avec les « épistémologies du Sud » promotrices d’une sociologie des absences, c’est-à-dire des pans de la réalité qui ont été invisibilisés, et des émergences, c’est-à-dire des potentiels émancipateurs d’une diversité de pratiques alternatives.

    Il n’y a là aucun rejet de la connaissance occidentale mais une réflexion sur l’interculturalité, envisagée sans naïveté comme une tâche difficile mais prioritaire pour que le monde futur soit habitable. Pas plus que lui, les autres auteurs de sensibilité décoloniale avec lesquels nous avons rédigé le livre collectif Les Gauches du XXIe siècle. Un dialogue Nord-Sud (éd. Le Bord de l’Eau, 2016) ne sauraient être accusés de « nourrir une haine des “Blancs” et de la France ».

    Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les sciences sociales contre la République ?

    Conception sacralisée du progrès

    Au contraire, ce type de dialogue permet un enrichissement mutuel. Sur le plan historique, l’attention portée par les théoriciens de la décolonialité aux mécanismes de prédation qui ont permis le décollage industriel remet en cause le récit officiel au Nord sur la vertu pacificatrice du commerce. Elle illustre aussi combien cette vision s’est adossée sur l’idée d’Adam Smith d’un progrès de l’humanité à travers quatre stades successifs (chasse, pastoralisme, agriculture, commerce). D’un point de vue plus actuel, la mise en évidence de l’épuisement des ressources en Amérique du Sud renvoie à l’identification des principales faiblesses de la social-démocratie en Europe, à savoir l’adoption d’une matrice productiviste et la dépendance à la croissance marchande.

    Les échanges avec l’école décoloniale aident donc à comprendre pourquoi la gauche n’a pu réaliser la promesse de libération qu’elle avait formulée : elle est restée empêtrée dans une conception sacralisée du progrès qui s’est consolidée au second XIXe siècle, avec l’ère du capital et des empires, selon Eric Hobsbawm [historien britannique, 1917-2012].

    Ces débats incitent aussi à prendre en compte les initiatives solidaires qui se multiplient partout et donnent des raisons d’espérer, au-delà de l’ambiance mortifère engendrée par la conjugaison des crises et la succession des attentats. Les réveils citoyens sont trop souvent négligés par les sciences sociales occidentales parce que trop fugaces ou isolés. A travers le paradigme des « émergences », des auteurs comme Anibal Quijano [sociologue péruvien] les appréhendent comme autant de composantes d’un « mouvement de société » pour lequel « il n’est pas possible de défendre la vie humaine sans défendre, en même temps, les conditions de la vie même sur cette terre ».

    Article réservé à nos abonnés Lire aussi Jean-François Bayart : « Que le terme plaise ou non, il y a bien une islamophobie d’Etat en France »

    Croisement des savoirs

    Il ne suffit plus de dénoncer les effets pervers du système économique dominant, il s’agit de valoriser les expériences qui esquissent un autre rapport aux humains et aux non-humains. Là encore, le travail commun entre Sud et Nord s’avère précieux. Intitulée « L’économie dont nous avons besoin au moment où s’épuise le système dominant »,une tribune de cent enseignants et chercheurs internationaux publiée le 24 octobre dans Le Monde plaide pour une meilleure reconnaissance par les pouvoirs publics d’une économie au service de finalités solidaires.

    Cette économie solidaire, apparue dans les dernières décennies au sein de diverses régions du globe, concerne les relations entre humains quand elle lutte contre les inégalités sociales ou pour le maintien de la diversité culturelle. Mais elle intègre aussi le rapport au non-humain : par exemple, l’agro-écologie met en place contre l’agro-business une combinaison de connaissances à la fois académiques et paysannes pour organiser des circuits courts alimentaires. Par le soin apporté au bien-vivre autant qu’à la reproduction de la vie se profilent de nouvelles façons d’agir que des démarches féministes défrichent également.

    A l’évidence, l’heure n’est pas à la crispation mais à l’hybridation des registres d’action et au croisement des savoirs. Quant à la qualité du débat intellectuel, elle ne peut être garantie que par la circulation de toutes les opinions, sauf celles visées par la loi parce qu’elles profèrent des injures ou incitent à la haine. Dans le contexte actuel de tension, une accusation globalisante à l’adresse de la théorie décoloniale est malvenue. C’est au contraire l’élargissement du dialogue entre toutes les pensées soucieuses de démocratisation qui s’avère urgent. Incontestablement, de nombreux penseurs de la décolonialité s’inscrivent dans cette perspective.

    Jean-Louis Laville est professeur du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), titulaire de la chaire « économie solidaire ». Il est également responsable d’un programme de copublication d’ouvrages en France et Amérique du Sud, parmi lesquels son Dictionnaire de l’autre économie (Folio-Gallimard, 2006).

    Jean-Louis Laville(Professeur du Cnam, titulaire de la Chaire « Economie solidaire ».)

    Articles similaires

    Partager. Facebook LinkedIn WhatsApp
    Article précèdent Un simple test sanguin prédit vos chances de survivre à la Covid-19.
    Article suivant Lilian Thuram: « Pour ne pas avoir conscience qu’il y a un privilège blanc, il faut être blanc».

    ARTICLES SEMBLABLES

    Villefranche-sur-Mer, la bouche d’ombre. Par Laurent Cypria

    juin 10, 2025

    Criminalité : “… léta, léta, léta.” Une Contrechronique de YL. MONTHIEUX

    juin 10, 2025

    Un appel au sursaut de l’élite antillaise, face à une société en quête de sens et une jeunesse en crise aiguë ! Une tribune de JM.NOL

    juin 10, 2025
    Ajouter un commentaire
    ECRIVEZ UN COMMENTAIRE Cancel Reply

    Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

    Actualités de la Caraïbe
    Caraïbe

    La Dominique fait partie d’un nouveau réseau régional de santé ; lancé lors de la semaine de la santé CARPHA à la Barbade

    Caraïbe juin 13, 2025

    Dominica News Online – Du 5 au 9 mai 2025, l’Agence de santé publique des…

    Découvertes d’oiseaux « Dyabloten » de la Dominique

    juin 13, 2025

    Nevis – Ce complexe hôtelier de luxe des Caraïbes propose une saison pour les tortues — et vous pouvez participer à la mission

    juin 13, 2025

    Ste. Lucie -Des milliers de personnes recevront de l’argent avant la tempête ; les églises recevront des fonds pour les secours en cas de catastrophe

    juin 13, 2025
    ANTILLA JUIN 2025. abonnez-vous !
    TÉLÉCHARGEZ GRATUITEMENT !
    De l’idée à l’action, avec vous au quotidien
    EVADEZ-VOUS …ENVOLEZ-VOUS !

    Abonnez-vous

    Recevez les dernières actualités de Antilla Martinique.

    Merci ! Votre demande a bien été prise en compte.

    Publiez vos annonces Légales
    Consultez les annonces légales
    Consulter nos anciens numéros
    Nos différentes rubriques
    Archives
    ANTILLA JUIN 2025. abonnez-vous !
    ANTILLA JUIN 2025. abonnez-vous !
    © 2025 Copyright ANTILLA. Tous drois réservés. Programmé par ANTILLA.
    • CONTACTEZ-NOUS
    • MARKETING
    • MENTIONS LÉGALES
    • CONSULTEZ LES ANNONCES LÉGALES

    Type above and press Enter to search. Press Esc to cancel.