Création du Mercosur
Le Mercosur a été créé en 1991 par l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay. Le traité d’Asuncion, qui formalise cette création, stipule que la zone doit reposer sur la libre circulation des biens, des services et des facteurs de production, notamment les capitaux et la main-d’œuvre. À cette époque, le Mercosur répondait à la volonté des pays fondateurs de consolider les démocraties et d’accélérer les réformes économiques, comme l’analyse Olivier Dabène, chercheur au Ceri, dans une étude de 1995. Ces nations avaient vécu sous des dictatures jusqu’à la fin des années 1980. Selon le chercheur, cette alliance visait également à contrebalancer les efforts des États-Unis, qui signaient à cette époque plusieurs accords et programmes d’investissements en Amérique du Sud pour créer un bloc commercial autour d’eux. Le Venezuela a rejoint le Mercosur en 2012, suivi de la Bolivie en 2024. Cependant, en 2016, les pays membres ont suspendu l’adhésion du Venezuela, estimant que cet État ne respectait pas ses obligations démocratiques.
Une union douanière imparfaite
Le Mercosur repose dès sa création sur le principe d’une union douanière, tel que défini par l’économiste hongrois Béla Balassa dans un ouvrage de 1962. Selon lui, une telle union implique l’abolition des droits de douane entre les pays membres et la fixation de droits de douane communs sur les importations en provenance des pays tiers. Actuellement, la première condition est respectée pour la plupart des produits, bien que des exceptions existent, comme pour le sucre. La seconde condition l’est également, mais les États membres peuvent établir des droits de douane plus élevés sur certains produits pour protéger leurs industries nationales contre les marchandises à bas prix venant de l’étranger. Pour cette raison, le Mercosur est qualifié d’union douanière imparfaite, comme le soulignent les chercheurs Charles Pennaforte et Marcos Antonio Favaro Martins dans un article de 2017. Les échanges commerciaux au sein de la zone ont augmenté de 180 % entre 2000 et 2011, avant de stagner, selon les données fournies par le Mercosur en 2024. Entre 2011 et 2023, les exportations vers les pays tiers ont progressé de 21 %.
Contributions au PIB mondial
En 2023, le Mercosur représentait 2,9 % du PIB mondial, soit près de 2 700 milliards de dollars (environ 2 550 milliards d’euros), selon les données de la Banque mondiale. En comparaison, la France a enregistré un PIB de 3 030 milliards de dollars en 2023. De fortes disparités existent entre ses membres : le Brésil représente près de 73 % du PIB du Mercosur, l’Argentine 22 %, tandis que la Bolivie, l’Uruguay et le Paraguay totalisent les 5 % restants.
Accords de libre-échange
Le Mercosur a conclu des accords de libre-échange (ALE) avec des pays voisins tels que le Chili en 1996 et la Colombie en 2004, ainsi qu’avec des nations situées en dehors du continent, comme Israël en 2007 et Singapour cette année. Un ALE vise à réduire ou à supprimer les droits de douane sur les produits et services, à ouvrir les marchés publics et à harmoniser des normes, principalement techniques. Cependant, le Mercosur n’a signé aucun ALE avec les plus grandes économies. Par exemple, il a rejeté le projet d’une alliance commerciale sur l’ensemble du continent américain, proposé par les États-Unis dans les années 2000. Négocié depuis 1999, le traité avec l’Union européenne doit permettre au Mercosur d’exporter ses matières premières et d’attirer des investissements étrangers pour moderniser ses industries. En 2023, Alejandro Karen, député du Parlement du Mercosur, exprimait des craintes concernant cet accord, redoutant qu’il n’accélère la tendance à la primarisation de l’économie de l’alliance, c’est-à-dire à sa focalisation sur l’extraction, la production et l’exportation de matières premières.
Désaccords internes
Les règles du Mercosur stipulent que les ALE doivent être conclus à l’unanimité et que les États membres ne peuvent pas négocier individuellement avec d’autres pays en matière commerciale
Gdc.