L’initiative venue de Montréal
En cette période de novembre à décembre, beaucoup de choses sont déjà fin prêtes à travers le monde pour préparer les activités carnavalesques, exprimer la créativité et valoriser le patrimoine des peuples concernés. Le Canada terre d’accueil et de foisonnement culturel, n’est pas en reste, tout comme la Martinique et plus largement la Caraïbe, au même titre que les carnavals d’Europe.
Le carnaval au Canada est une réalité inscrite de longue date dans le calendrier culturel, premier du genre en Amérique du Nord. Mais l’évolution rapide des mœurs et de la diversité des communautés notamment caribéennes et africaines au sein du Canada a permis de générer des actions fédératrices qui s’appuient sur les apports des peuples qui sont la marque du multiculturalisme canadien et de sa diversité en particulier à Toronto et plus particulièrement au Québec. A Montréal, Le carnaval brésilien d’été, le carnaval Afromonde, et plus largement l’existence même depuis un demi-siècle d’un programme de festivités carnavalesques dans la ville, sont des exemples probants de la vitalité des organisateurs et des acteurs du secteur, accompagnés par les autorités et le monde économique.
Afin de marquer leur volonté d’affirmation et de progrès, les responsables ont organisé une réunion internationale en visioconférence afin de partager les thématiques qui soutiennent une vision globale et productive du carnaval. Leur credo, valoriser la culture du carnaval , et créer les conditions de l’épanouissement du public par le divertissement, et la créativité, mais aussi montrer que ces pratiques sont aujourd’hui dans la modernité et s’inscrivent dans des perspectives économiques impliquant des partenaires, permettant d’aspirer à un saut qualitatif. Ils déclarent que :
« Les carnavals du monde entier représentent une industrie éblouissante, générant des milliards de dollars chaque année, ce qui témoigne de leur attrait et de leur importance économique. Il est essentiel de se pencher sur le commerce des carnavals, car il ouvre de nombreuses perspectives à tous les participants : les villes qui accueillent ces événements dynamiques, les chefs d’orchestre qui les organisent, les costumiers qui donnent vie aux visions, les associations culturelles qui préservent les traditions, les musiciens qui donnent le rythme, les artistes qui captivent le public et les organisateurs d’événements qui veillent à ce que tout se déroule sans accroc. Discuter de commerce dans cette sphère n’est pas seulement une question de profits immédiats ; il s’agit d’équiper la jeune génération de connaissances et d’outils pour soutenir et élever la culture du carnaval. »
Laurraine Leblanc – co-fondatrice et présidente et Tony Jordan – co-fondateur et directeur artistique, ont rassemblé des panélistes et invités pendant 3 jours pour exposer les expériences respectives, aborder des questions communes, et exprimer les différences et originalité qui font la marque de cette pratique planétaire.
On y a évoqué avec autant de ferveur des festivités de toutes dimensions, allant de petits pays comme Grenade, à l’énorme carnaval de Notting Hill en Grande Bretagne, en passant par Trinidad, la Jamaique, Haïti, Martinique, Nice, Venise, (etc.) grâce à leurs responsables au plus haut niveau ou des experts. Mais ces échanges au sommet n’auraient pas été complets sans la présence de spécialistes en tous genres rassemblés par les organisateurs : concepteurs de costumes, parures, designers de décor, spécialiste de l’organisation du marketing, issus notamment des entreprises expérimentées.
Cette table-rondes a donc permis, non seulement d’améliorer la connaissance mutuelle des opérations sur la planète, mais aussi de partager de bonnes pratiques pour faire évoluer les modèles carnavalesques. Un grand pas a été aussi franchi en matière de collaboration, car des projets communs sont envisagés et pourront facilement se développer. D’ores et déjà, Laurraine et ses collègues préparent leur saison de carnaval et le prochain rendez-vous du « summit » qui passera à un niveau supérieur.
Yves Marie Séraline y a été invité en tant qu’intervenant, pour son expérience au service des arts du carnaval caribéen, comme créateur, organisateur d’évènements et de séminaires, auteur de guides du carnaval, formateur, et ancien secrétaire général de la Fédération du Carnaval martiniquais, créée en 1998. Il participera et interviendra au sommet 2025.
Et en Martinique, pour une vision du futur
Dans la droite ligne de ces actions visant à propulser le carnaval en tant qu’activité collective à un plus haut niveau, on peut rappeler que les acteurs du secteur en Martinique qui sont représentés par une toute nouvelle génération sont concernés par une approche évolutive. D’une génération à l’autre des actions naissent et se développent d’autres disparaissent, mais une nouvelle génération d’opérateurs du carnaval ressent le besoin d’une amélioration sur tous les plans des pratiques liées au carnaval au travers du prise multiples de la culture, de l’organisation des structures et de l’économie.
Parmi les initiatives visant à contribuer à une structuration du marché, il faut souligner celle prise conjointement par l’AFDAS, dirigée par Mme Gane pour la zone Antilles Guyane, accompagnée de Mme Joseph, et de France Travail représenté par M. S. Notte. Les responsables de ces organismes ont invité l’OMDAC à cadrer une phase exploratoire pour définir les bases d’un processus en vue d’aboutir à terme à une consolidation voire une structuration du secteur du carnaval en Martinique.
En introduction, Yves Marie Séraline a procédé à un rappel historique en grandes lignes de 50 ans du carnaval martiniquais. Comme d’autres, il s’appuie sur l’existence de catégories qui ont évolué dans le temps, coexistant et se combinant diversement sur l’ensemble de l’île. Grâce à cette diversité et aux efforts de nombreux bénévoles, nos figures traditionnelles sont encore présentes, renforcées par la créativité des groupes costumés du plus petit au plus grand, des orchestres de rue avec leurs musiciens et danseurs, des créateurs de chars, de décors et de véhicules décorés. Il faut ajouter les organisateurs de parades, d’élections de reines et de spectacles carnavalesques, les managers de soirées privées, tous composants ensemble le carnaval martiniquais.
Madame Gane et Monsieur Notte pour les organismes ont présenté les dispositifs susceptibles de répondre aux préoccupations des associations et intervenants. Aussi, ils demandent aux acteurs de se manifester compte tenu de leurs besoins en accompagnement à leur fonctionnement, à la formation des bénévoles et des salariés, la consolidation des postes, recours aux intermittents du spectacle, voire les possibilités de créations de poste.
L’OMDAC par sa mission amicale de bons offices, qui n’intervient donc pas en lieu et place des associations ni des instances, conseille aux représentants et responsables concernés de se mobiliser pour les rendez-vous à venir, voire de contacter directement les organismes pour renforcer le lien qui s’établit. Bien que le domaine du carnaval soit l’expression de la liberté d’entreprendre dans notre système, et aussi un espace d’intérêts partagés ou de recherche de leadership, on espère l’émergence d’une entité globale préservant l’identité des composantes du monde du carnaval, et qui se rassemblera autour d’un dénominateur commun, pour faciliter une écoute plus attentive des diverses autorités.
Les préparatifs de notre carnaval martiniquais étant déjà engagé tant à Fort-de-France qui possède un service dédié avec une équipe d’agents « la mission carnaval », que dans les communes, le groupe de travail se prépare à travailler avec les acteurs sur l’année 2025. Une réunion aura lieu à la mi-mars pour réfléchir à un plan d’action qui s’appuiera sur les besoins exprimés par les structures en matière d’accompagnement à l’insertion, la formation des membres et salariés, en espérant un regroupement.
ACTIVITÉS OMDAC DÉCEMBRE 2024