Le Salon de l’agriculture édition 2026 a choisi son couple égérie. Il sera martiniquais. L’éleveur André Prosper et sa vache seront la tête d’affiche du salon. Une mise en lumière du secteur bovin en Martinique à travers la race Brahmane et ses capacités d’adaptation au réchauffement climatique.
En février, porte de Versailles à Paris, la Martinique sera particulièrement à l’honneur lors du Salon international de l’agriculture (SIA). Après la vache Oupette, c’est une congénère martiniquaise de la race Brahmane qui a été choisie pour être l’égérie cette édition 2026. Le salon aux plus de 600 000 visiteurs et plus d’un millier d’exposants sera un immense coup de projecteur sur la filière bovine locale.

Si on ne connaît pas encore le nom de l’animal qui sera la tête d’affiche du SIA, on sait déjà à quel agriculteur elle appartient : André Prosper, responsable de l’exploitation agricole du Galion et vice-président de l’Union des éleveurs bovins Brahmane. L’homme à la tête de 300 têtes de bovins sera aux côtés de sa vache pour la photo officielle. L’animal est particulièrement bien équipé pour vivre en Martinique. Ses glandes sudoripares lui permettent réguler sa température et de s’adapter à son environnement. André Prosper l’affirme, la filière se porte bien. « Au niveau de la coopérative, nous avons un peu plus de 7000 bovins regroupés autour de 120 éleveurs. Nous sommes en train de développer totalement cette filière. C’est la raison pour laquelle nous sommes très intéressés par les centres de formation. » Pour l’éleveur, l’avenir de la Martinique passe par les filières agricoles. « C’est un métier passionnant. Il faut de la rigueur et de la persévérance mais il faut par-dessus tout aimer les animaux. A mon avis, cela reste l’un des plus beaux métiers. » Selon André Prosper, la tendance à la baisse de la consommation de viande n’a pas atteint les côtes de la Martinique. « Les Martiniquais et les visiteurs sont attachés à sa consommation. » Il partage qu’un label autour de la viande Brahmane sera prochainement mis en place. « Nous devons apprendre à bien manger : consommer moins mais de qualité à tous les niveaux. Il faut un vrai développement des productions locales pas seulement au niveau de la viande. »

Sandrine Hayot, présidente de l’UEBB, un organisme de sélection agréé par le ministère de l’Agriculture. A ce titre, l’UEBB gère le livre généalogique de la race et toutes ses grandes orientations. La présidente explique que la race Brahmane est très répandue dans le monde. « Sur le sol français et européen, le seul berceau de représentation de la race, c’est la Guyane et la Martinique. » Sandrine Hayot explique aussi l’avantage des mâles de la race Brahmane. « Les difficultés climatiques en Martinique sont très éprouvantes pour les races européennes. On observe que les reproducteurs européens ont souvent du mal à rester en activité longtemps dans nos troupeaux. Heureusement que nos taureaux Brahmane sont là pour prendre la relève. » L’UEBB réfléchit donc à créer des croisements plus innovants. « Pour avoir un élevage résilient pour nos agriculteurs, il faut un élevage économe en intrant, en produit sanitaire et minimisant tous les frais annexes pour que les éleveurs puissent valoriser leur production. » L’un des rôles de l’UEBB est d’éviter la consanguinité afin de garder le dynamisme de la race en y apportant des croisements et des innovations génétiques.
Jérôme Despey, président du SIA a voulu « démontrer la diversité de nos territoires » en choisissant la Brahmane pour candidater en tant qu’égérie. « Cela va permettre de faire un focus sur le plan économique et touristique en plus du point de vue purement agricole. » Le salon de l’agriculture n’est pas seulement une foire aux bestiaux. L’événement permet aux agriculteurs de partager leur quotidien auprès des non initiés. En Martinique, les difficultés que pourraient éprouver les éleveurs seraient par là même grevées par le caractère insulaire du territoire. Jérôme Despey est venu pour présenter l’égérie du salon mais aussi pour les filières. « Le but est bien sûr d’écouter les spécificités, entendre les difficultés qui peuvent être les mêmes que dans l’Hexagone. On parle de souveraineté alimentaire, de moyens de production, de l’enjeu de l’adaptation au changement climatique. » Le président du salon insiste. Un véritable focus sera fait sur la Martinique. La vache égérie, c’est près de 90 visites protocolaires. « Il n’y a pas un homme, une femme politique qui ne passe pas voir la vache égérie. Inévitablement, on parle des sujets spécifiques que veulent les agricultrices et les agriculteurs.”
Laurianne Nomel