Alain Claude Lagier, cadre actif de la CTM et figure politique engagée en Martinique, se présente aux législatives. Conseiller municipal de la ville du François, il défend des valeurs de solidarité et d’engagement communautaire. S’il est élu député, il souhaite pouvoir proposer des alternatives pour résoudre les défis socio-économiques de la Martinique, notamment en améliorant les infrastructures.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Alain Claude Lagier. Cadre actif de la CTM et engagé en politique depuis de nombreuses années, je suis à la tête de “Forces Franciscaine”, une formation visant à rassembler toutes les forces vives du François.
En parallèle de ma carrière politique, je suis responsable associatif depuis de nombreuses années, notamment dans le monde du sport. Pendant plus de vingt-cinq ans, j’ai été président et entraîneur du club de volley-ball du François. J’ai également fondé l’association François Objectif Solidarité, dédiée à l’accompagnement des personnes en difficulté. Sous cette association, nous avons créé une épicerie solidaire et lancé plusieurs chantiers d’insertion.
Aujourd’hui, fort de ces expériences et engagé depuis trente-cinq ans dans diverses actions sociales, je me présente aux législatives, motivé par les nombreux encouragements de mes concitoyens et la nécessité de proposer des alternatives face à la montée des extrêmes et aux difficultés que connaît la Martinique. Accompagné de ma suppléante, une figure investie de la vie politique martiniquaise, nous voulons apporter des solutions nouvelles et pragmatiques pour répondre aux besoins de la population.
En tant que conseiller municipal d’une ville appartenant à la circonscription du centre, pouvez-vous nous parler de ce que vous comptez apporter aux citoyens qui y vivent ?
Il est indéniable que cette circonscription fait face à de multiples problématiques au quotidien. Parmi les cinq communes qui la composent, quatre sont côtières, ce qui les expose aux problèmes liés aux sargasses. Bien que des mesures, comme l’installation de barrages, aient été prises, la souffrance des populations demeure immense, faisant de cette question une priorité absolue. Par ailleurs, dans ma commune, de nombreux franciscains souffrent tant au niveau de leur santé que de leur situation économique.
Pour vous donner un autre exemple de problématiques locales à devoir aborder, l’hôpital de Trinité est dans un état critique et nécessite une rénovation urgente, estimée à environ 30 millions d’euros. Il pourrait être plus judicieux de rechercher un nouveau site pour éviter ces coûts supplémentaires. Il est essentiel de trouver des solutions pour ces personnes, tout comme pour l’ensemble des Martiniquais. En tant que député, mon rôle sera de veiller à ce que la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM) et l’État assument pleinement leurs responsabilités pour améliorer la situation de nos concitoyens.
Au quotidien, un Martiniquais doit faire face à plusieurs problèmes lié à la vie chère. Quels sont vos plans pour résoudre ces problématiques ?
Il est inacceptable que les citoyens doivent remplacer leurs appareils électroménagers tous les six mois à cause de ce fléau. Nous proposons de créer un fonds d’indemnisation pour aider les personnes affectées à acheter de nouveaux appareils et autres biens endommagés. Cette aide serait annuelle et prolongée tant que les sargasses continueront d’affecter la région, avec des preuves d’achat pour garantir que les fonds sont utilisés correctement.
Sur le plan économique, il est crucial de déclarer la Martinique comme un territoire d’urgence économique et sociale. Les difficultés que rencontrent les Martiniquais, notamment le taux de chômage élevé chez les jeunes et la pauvreté, nécessitent des politiques publiques adaptées à nos spécificités. Il est essentiel de “tropicaliser” les décisions prises en métropole pour qu’elles répondent mieux aux réalités locales. Mon rôle en tant que député sera de proposer et d’impulser ces changements, en veillant à ce que la Martinique soit traitée comme une priorité sur les plans économique, sanitaire et social.
Quels sont vos projets pour renforcer la souveraineté alimentaire et soutenir l’agriculture locale en Martinique ?
Les deux problématiques sont intimement liées. Nous devons proposer des mesures pour soutenir les petits agriculteurs en Martinique, quelle que soit leur activité. Contrairement aux grandes structures agricoles, comme celles liées à la banane qui bénéficient déjà de subventions, les petits agriculteurs peinent à joindre les deux bouts. Il est essentiel de demander davantage d’équité dans la répartition des aides afin de ne pas laisser une partie des agriculteurs dans une situation de souffrance.
Nous devons proposer des textes pour harmoniser les aides et offrir plus d’équité dans le secteur agricole. Cette approche s’applique également à la pêche, car nos ressources locales doivent contribuer à notre autonomie alimentaire. Si les petits agriculteurs et pêcheurs ne reçoivent pas le soutien nécessaire, ils ne pourront pas produire suffisamment pour atteindre cet objectif. En assurant qu’ils bénéficient des conditions et des aides adéquates, nous pouvons travailler vers une souveraineté alimentaire en Martinique.
Quelles stratégies envisagez-vous pour renforcer l’intégration des départements français au sein de la région Caraïbe ?
Il est fondamental de renforcer l’intégration de la Martinique au sein de la région Caraïbe, notamment pour agir sur le pouvoir d’achat. Actuellement, les produits importés sont souvent surtaxés, ce qui contribue à l’augmentation excessive des prix dans nos territoires. En favorisant la coopération et les échanges avec nos voisins caribéens, nous pourrions réduire ces coûts. Faire venir des produits de la Caraïbe serait beaucoup moins coûteux que de les importer d’Europe.
Pour cela, il est nécessaire de surmonter divers obstacles liés à notre statut européen. Nous devrions envisager de mettre en place des accords de libre-échange avec nos partenaires caribéens pour faciliter ces échanges économiques. En plus de l’économie, cette coopération pourrait s’étendre à des domaines comme la santé. Par exemple, certains jumelages avec des villes cubaines ont déjà permis des échanges dans le domaine médical, et il serait bénéfique d’amplifier ces initiatives à l’échelle de tout le territoire martiniquais.
Cette démarche nécessite une coopération collective entre les élus martiniquais, la CTM, les parlementaires et les villes. Il est crucial que les élus martiniquais s’accordent sur des mesures urgentes et essentielles pour la Martinique, comme le renforcement des relations avec les pays voisins. Une fois cet accord trouvé, il sera plus facile de lever les obstacles et de mettre en œuvre des stratégies efficaces pour améliorer le pouvoir d’achat et intégrer pleinement la Martinique dans la région Caraïbe.
Quels sont vos projets pour combler les retards de développement en Outre-mer et améliorer les infrastructures et les services publics dans ces territoires ?
Pour combler les retards de développement en Martinique et dans les autres territoires d’Outre-mer, ainsi que pour améliorer les infrastructures et les services publics, il est essentiel d’adopter une approche collective et coordonnée. La division actuelle entre élus freine la réalisation de projets, malgré un objectif commun : améliorer la vie de nos concitoyens. Il est donc crucial de créer une véritable union des parlementaires ultra-marins.
Nous devons nous entendre sur un socle commun de priorités, que ce soit dans les domaines social, économique, ou autres, et défendre ces priorités ensemble, à l’échelon national et international. Cette union serait une force permettant de faire avancer nos causes, car les problèmes que nous rencontrons, qu’ils soient dans le Pacifique ou dans l’Atlantique, sont souvent similaires, notamment en matière économique et sociale.
Je propose donc que nous nous asseyions ensemble pour élaborer une feuille de route commune, en nous accordant sur des principes de base. En mettant de côté nos divergences sur les détails, nous pourrons présenter un front uni. Cette cohésion est indispensable pour sortir de l’enlisement actuel et pour répondre aux attentes de nos concitoyens, qui ressentent un sentiment de stagnation, voire de recul.
Travaillons ensemble, élus martiniquais et ultra-marins, pour le bien commun. Accordons-nous sur un minimum vital, car sans cette unité, nos efforts resteront vains, surtout dans un contexte national potentiellement défavorable
Propos recueillis par Thibaut Charles