Un document contenant une analyse des problématiques qui concerne la Martinique a été publié sur le Net, sous le titre « Les 10 contre-vérités » C’est bien volontiers que nous le publions pour le soumettre à l’analyse sinon, à la sagacité, de nos lecteurs. Gdc
1. Il n’y a pas de situation de monopole ni d’oligopole en Martinique
• Faits :
• Le marché alimentaire martiniquais est composé de 7 groupements d’acteurs et 850 supérettes indépendantes. Les parts de marché des groupements sont réparties de manière compétitive (données 2024).
• Depuis 2009, des enseignes majeures ont disparu (Cora, Lancry, Ho Hio Hen). Les trois leaders actuels (Carrefour, Leclerc, Pli Bel Price) ont dû évoluer pour s’adapter.
• Le marché reste ouvert avec des exemples de nouvelles enseignes comme Auchan et le retour d’Ecomax.
• Comparaison : En France, 9 acteurs dominent un marché bien plus vaste.
2. Les marges des distributeurs ne sont pas abusives
• Faits :
• La marge brute en Martinique est de 24 % (Table Ronde Vie Chère, 2024) contre 22,9 % en France (INSEE).
• Le différentiel est dû aux contraintes logistiques spécifiques : stockages plus grands et coûts élevés liés aux constructions anticycloniques et antisismiques.
• Le bénéfice moyen est de 1 à 2 %.
• Les écarts de prix sont souvent dus au transport (ex. : container d’eau à 5 900 € pour une marchandise valant 3 000 €).
• Alternatives locales existent pour des produits tels que l’eau ou la banane.
3. Les distributeurs ne contrôlent pas les frais d’approche les plus coûteux
• Faits :
• Le transport maritime est dominé par CMA CGM, et les ports de Guadeloupe et Martinique sont parmi les plus chers de la région.
• Le transport routier coûte 33,6 €/km en Martinique contre 2,15 €/km en métropole.
• Les distributeurs locaux gèrent tout au plus 6 étapes sur 14 dans la chaîne logistique.
4. L’engagement financier de la France est massif
• Faits :
• Dépenses budgétaires annuelles de 6,8 milliards d’euros et dépenses fiscales de 700 millions d’euros.
• Le déficit public en Martinique s’élève à 4,4 milliards d’euros.
• Être Français permet des avantages comme l’accès à l’Europe (286 M€ d’aides annuelles).
• Une indépendance impliquerait de trouver des financements alternatifs pour ces montants et de créer une monnaie.
5. Les Martiniquais ne sont pas des citoyens de seconde zone
• Faits :
• Les remboursements de soins sont plus élevés en Martinique qu’en Corse (2,3 milliards contre 1,4 milliard).
• Les dotations par habitant sont supérieures à celles de la métropole (8 200 € contre 7 100 €).
6. Le pouvoir local est incapable de résoudre la crise économique
• Faits :
• Sur 1,5 milliard d’euros de budget, 67 % des dépenses de la CTM concernent le personnel.
• En 2024, 200 agents fantômes ont été identifiés.
• L’octroi de mer représente 949 € par habitant, mais seulement 5,6 % est réinvesti dans le développement économique.
7. Les Martiniquais békés ne contrôlent pas toute l’économie
• Faits :
• Les familles békées sont présentes dans 3 des 7 groupements de distribution, mais absentes des secteurs de la banque, des télécommunications ou des transports.
• Leur poids économique est estimé à 11 % du PIB et 8 % de l’emploi (2018).
8. Ils ne possèdent pas 52 % des terres agricoles
• Faits :
• L’État et les collectivités locales sont les principaux propriétaires (20 % du territoire).
• Les békés détiennent 17,3 % de la SAU, correspondant à 3,5 % de la superficie totale.
• La part de 52 % concerne uniquement la production de bananes.
9. Le chlordécone n’a pas empoisonné la Martinique pour 700 ans
• Faits :
• Utilisé légalement dans un contexte de crise climatique.
• Seule 35 % de la SAU est contaminée (soit 7,1 % du territoire).
• L’eau potable est conforme à 100 %, et 97,6 % des denrées alimentaires respectent les normes.
• 86 % des Martiniquais testés n’ont pas de dépassement du seuil de chlordéconémie.
10. La Martinique est l’un des territoires où l’espérance de vie est la plus élevée
• La longévité et la qualité de vie démentent les idées reçues sur la dangerosité généralisée du territoire.
Ces points corrigés offrent une vision argumentée et fondée sur des données précises pour répondre aux idées reçues ou affirmations incorrectes.
Nos premières réflexions sur ces données.
Ce document propose une analyse approfondie des défis auxquels fait face la Martinique, tout en tentant de déconstruire certaines idées reçues.
Une première analyse montre que contrairement à la perception d’un monopole, le secteur alimentaire en Martinique apparaît relativement diversifié. En 2024, il comprend bien sept groupements d’acteurs et une myriade de supérettes indépendantes. Depuis 2009, le paysage commercial a évolué avec la disparition de certaines enseignes et l’arrivée de nouveaux acteurs comme Auchan. Cela semble exact.
Marges et prix
Il est énoncé que les marges brutes des distributeurs en Martinique s’élèvent à 24 %, contre 22,9 % en France métropolitaine, en raison de contraintes logistiques spécifiques. L’exemple du transport d’un conteneur d’eau illustrerait les coûts élevés qui contribuent aux écarts de prix. Une fois les bilans du groupe GBH déposé, tout un chacun aura le loisir de vérifier cette information.
Soutien de la France
Il est avancé que la France investit annuellement 6,8 milliards d’euros dans le budget martiniquais, auxquels s’ajoutent 700 millions d’euros de dépenses fiscales. Le document met ainsi en avant les bénéfices du statut français, notamment l’accès aux fonds européens. Nous sommes curieux de connaître le mode d’estimation de ce montant. Même si on peut faire une projection d’un montant très important par simple estimation de ces investissements de la France en outre-mer. Et surtout qu’en l’état nous sommes loin du compte pour faire face à une indépendance économique.
Administration locale
Des failles sont relevées dans la gestion de la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM), où 67 % du budget est consacré aux dépenses de personnel. En 2024, la présence de 200 agents fantômes a été mise en lumière. Énoncer ces faits bruts revient à énoncer le déficit de la France, sans plus de réflexions sur les causes de ce déficit auquel participe la France en n’assumant pas ses obligations budgétaires comme il se doit à l’égard de cette collectivité.
Propriété foncière
Contrairement à certaines idées, les familles békées détiennent 17,3 % de la Surface Agricole Utile (SAU), soit seulement 3,5 % de la superficie totale de l’île. L’État et les collectivités locales restent les principaux propriétaires fonciers. Là, également les sources de ces données ( que nous n’avons pour le moment aucune raisons de suspecter) doivent être vérifiées.
Chlordécone
Sur ce point le document relativise l’impact du chlordécone, affirmant que 35 % de la surface agricole utile (SAU) est contaminée, ce qui représente 7,1 % du territoire, que l’eau potable respecterait les normes en vigueur, et la majorité des produits alimentaires répondent aux seuils réglementaires. À cela nous pouvons ajouter que les données scientifiques révèlent que la contamination humaine est réversible par un régime alimentaire approprié. Dans la mesure où la population joue le jeu et se fasse tester.
Cette analyse qui vise à nuancer certaines perceptions sur la Martinique à partir de données chiffrées qui ne sont pas jointes. Elle propose un regard équilibré sur des questions clés telles que l’économie, la propriété foncière et les enjeux environnementaux. Cependant, la vérification de ces informations par des sources complémentaires demeure indispensable pour garantir une compréhension complète et exacte des réalités locales. Et que cela constitue une base de réflexion admise par le plus grand nombre.
Gérard Dorwling-Carter.