Depuis le début de la crise sociale en Martinique, des tensions croissantes entourent les élus locaux, exacerbées par des déclarations controversées. Une vidéo de Rodrigue Petitot, président du RPPRAC, exigeant la fermeture des mairies et menaçant ceux qui n’obéiraient pas, a suscité une vive indignation. Bien qu’il ait précisé qu’il ne s’agissait pas de menaces physiques, ses propos ont été perçus comme une incitation à la violence.
Plusieurs élus, dont Yan Monplaisir, Serge Letchimy et Justin Pamphile, ont fermement condamné ces actes. Ils dénoncent une atteinte à la démocratie et appellent à la modération ainsi qu’au respect des institutions. Une motion a été adoptée par l’Assemblée de Martinique pour exprimer sa solidarité envers les élus menacés.
Serge Letchimy a également annoncé un Congrès des élus en janvier 2025, visant à discuter des solutions à cette crise. En parallèle, il critique les déclarations du préfet sur le manque de projets structurants en Martinique, les qualifiant de réductrices. Les élus martiniquais insistent sur l’importance du dialogue, du respect démocratique et rejettent toute forme de violence ou d’intimidation comme solutions à la crise actuelle.
Ce à quoi nous assistons est historiquement, selon nous, la première crise populiste de ce pays. Le populisme est en effet un courant politique qui se caractérise par une opposition entre « le peuple », présenté comme homogène et porteur de valeurs authentiques, et « les élites », accusées de trahir les intérêts du peuple. Le populisme repose sur une rhétorique qui simplifie les enjeux complexes et met en avant des solutions jugées « directes » ou « évidentes » pour répondre aux préoccupations populaires. Il en est ainsi de l’exigence sans nuances d’alignement des prix sur ceux de l’Hexagone.
S’ajoute à cette problématique simplificatrice un discours anti-élites. Après les élites économiques, viendra le tour des élites médiatiques, qui risquent d’être accusées de corruption, de déconnexion ou de mépris envers le peuple si elles s’aventurent à dénoncer trop vertement les excès auxquels nous assistons actuellement.
Les populistes exaltent le peuple. Ils valorisent « le peuple », défini de manière vague ou restrictive, comme on a entendu récemment, par le leucoderme, comme le détenteur de la souveraineté et des vraies valeurs. Les populistes privilégient des solutions perçues comme simples et immédiates, souvent au détriment des nuances et de la complexité des choses.
Les mouvements populistes sont souvent dirigés par des leaders censés être forts, qui prétendent incarner la volonté populaire par leur seul charisme. Certains courants populistes définissent le peuple de façon restrictive, excluant des groupes (immigrants, minorités, etc.) considérés comme extérieurs ou nuisibles.
Les politologues distinguent un populisme de droite, souvent axé sur des thèmes comme la souveraineté nationale, la lutte contre l’immigration et la critique du multiculturalisme, tandis que le populisme de gauche serait centré sur la lutte contre les inégalités sociales, le capitalisme et les élites économiques. Ce serait ce dernier que nous connaissons actuellement.
Ainsi, le leader du mouvement populiste martiniquais s’alignerait politiquement auprès de figures telles que Donald Trump (États-Unis), Marine Le Pen (France) ou encore Hugo Chávez (Venezuela), souvent associées au populisme, bien qu’elles représentent des variantes différentes selon leur contexte culturel et idéologique.
Le populisme, on l’a compris, est une démarche politique qui se nourrit du mécontentement populaire, propose des solutions simples (sinon simplistes) et cherche à mobiliser « le peuple » contre des « élites » perçues comme seules responsables des problèmes. Ce mouvement a encore devant lui de beaux jours chez nous.
Gérard Dorwling-Carter
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