Une mission du Fonds monétaire international (FMI) à Sainte-Lucie a exprimé des inquiétudes concernant l’exactitude des données sur les dépenses des visiteurs, qui pourraient être fortement surestimées en raison de failles méthodologiques dans les enquêtes réalisées par l’Office du tourisme de Sainte-Lucie (SLTB).
Ces conclusions, issues d’une revue du Centre régional d’assistance technique du FMI pour les Caraïbes (CARTAC) sur les statistiques du secteur extérieur, révèlent de possibles biais dans les chiffres des exportations de voyages, avec une dépense des visiteurs américains peut-être gonflée de près de 25 % en 2023.
La mission s’est déroulée du 28 octobre au 1er novembre 2024, mais le rapport n’a été publié que le Vendredi saint.
Principales conclusions sur les dépenses des visiteurs
Faible taux de réponse aux enquêtes : seuls 1,3 % des visiteurs ayant séjourné sur l’île ont participé à l’enquête sur les dépenses des visiteurs (VES) du SLTB en 2023, réalisée par e-mail ou QR code, contre un taux déjà faible de 18 % pour les enquêtes par e-mail précédentes.
Problèmes de biais d’échantillonnage : l’enquête ne représente pas l’ensemble de la diversité des types d’hébergements touristiques, excluant de manière disproportionnée les visiteurs séjournant hors hôtels tout compris.
Risque de surestimation : le croisement des données avec celles du tourisme américain suggère que les chiffres des exportations de voyages de Sainte-Lucie en 2023 pourraient être surestimés de 14 % dans l’ensemble, avec une surestimation possible de 24,8 % pour les dépenses des visiteurs américains.
Tendances volatiles des dépenses : les dépenses journalières moyennes des touristes américains et européens ont fortement augmenté (17–18 %) en 2023, tandis que celles des visiteurs caribéens ont diminué. La durée des séjours a baissé sur la plupart des marchés.
Recommandations
Relancer les enquêtes en face à face : le FMI recommande de revenir, lorsque le budget le permet, à des enquêtes en personne plus complètes, telles qu’elles existaient avant la pandémie, afin d’améliorer la fiabilité des données. L’objectif est d’obtenir un échantillon représentatif reflétant les caractéristiques réelles de la population touristique. Date cible : juin 2025.
- Étendre la couverture : il est conseillé d’inclure dans le suivi des dépenses l’industrie du yachting, qui constitue une source importante de revenus touristiques, ainsi que ses prestataires de services. Date cible : juin 2025.
- Réformes juridiques : la nouvelle législation touristique de 2024 impose la mise en place d’un système centralisé de collecte de données, offrant des perspectives d’amélioration du suivi statistique.
Implications plus larges
Avec un secteur touristique crucial pour l’économie du pays, des données biaisées pourraient entraîner des politiques publiques inadaptées. Le Bureau central des statistiques (CSO) s’est engagé à réformer ses pratiques, mais des retards persistent en raison de contraintes de ressources.
Le FMI souligne la nécessité d’une meilleure coordination entre le CSO, le SLTB, le Département des douanes et accises et d’autres agences pour combler les lacunes existantes.
En plus des exportations de voyages – les revenus tirés des visiteurs internationaux –, la mission a également examiné les problèmes de collecte de données concernant le commerce de biens et le Programme de citoyenneté par investissement (CIP).
Le rapport souligne l’urgence de réformes méthodologiques pour garantir une planification économique fiable.