Devrons-nous un jour renoncer à un médicament qui aurait un impact délétère sur notre environnement? Avant d’en arriver là, l’industrie pharmaceutique s’attaque au plastique, source majeure de pollution.
Grand défi environnemental du secteur, le blister (la petite plaque d’aluminium sur lesquels figurent les médicaments, recouverts d’une feuille de plastique): il “représente 40% des emballages pharmaceutiques ménagers mis sur le marché en France”, selon les données de l’organisme Adelphe, chargé d’accompagner les entreprises dans le recyclage des emballages.
Aucune filière de recyclage n’existe pour ce type de conditionnement qui associe plastique et aluminium.
Et face aux règlementations environnementales nationales (loi Agec sur la fin de mise sur le marché des plastiques à usage unique à horizon 2040) et européennes, le lobby des entreprises du médicament (Leem) a annoncé cette semaine le remplacement des blisters par des emballages recyclables d’ici à 2030.
Un engagement qui vise uniquement les médicaments ne nécessitant pas de précautions de conditionnement particulières pour la stabilité du produit.
En outre, “des travaux de recherche et développement communs seront initiés pour développer des blisters en papier” à horizon 2040, détaille le Leem dans sa feuille de route de décarbonation et de sortie des emballages plastiques à usage unique.
Des entreprises ont déjà franchi le pas: le géant français Sanofi remplace peu à peu le blister en PVC par du carton pour l’emballage des ampoules, flacons et seringues, sur le site de production de vaccins contre la grippe à Val-de-Reuil (Eure). Avec pour objectif la suppression d’ici à 2027 du conditionnement en plastique pour tous les vaccins Sanofi, soit 300 tonnes de PVC chaque année.
– Stylos, capteurs, aligneurs –
D’autres initiatives se multiplient aussi dans la collecte et l’économie circulaire des dispositifs médicaux usagés.
D’ici 2024, les industriels auront interdiction de commercialiser des dispositifs médicaux intégrant des micro plastiques: “Cela poussera à une conception plus écologique pour limiter les déchets et la pollution”, estimait récemment Nathalie Gimenes, spécialiste des questions d’environnement dans le secteur de la santé, lors d’une conférence sur le bon usage du médicament.
Pour l’heure, les efforts se concentrent surtout sur les stylos à injection d’insuline, composés d’environ 60% de plastique: quatre laboratoires habituellement concurrents – Novo Nordisk, Lilly, Sanofi et Merck – se sont associés ce printemps, pour un projet pilote au Danemark, afin de recycler 25% des 6 millions de stylos qu’ils distribuent dans ce pays.
“On ne peut pas réutiliser ces stylos pour fabriquer d’autres stylos car il y a tellement de plastiques différents”, indique Patrick Emiel, vice-président des affaires économiques et publiques chez Novo Nordisk France. Ils sont transformés en chaises ou en globes luminaires.
Les capteurs portés au bras par les patients diabétiques, pour mesurer leur glycémie en continu, peuvent, eux aussi, être triés et recyclés via un circuit élaboré par la filiale française de l’entreprise pharmaceutique américaine Abbott.
Le patient garde l’équivalent d’une année d’utilisation – soit 26 capteurs usagés – et les envoie dans une enveloppe pré-affranchie à TN Industrie, à Quesnoy-sur-Deûle (Nord), une société qui en extrait les métaux (argent, cuivre, zinc). “Une solution est à l’étude pour le plastique” qui forme la coque du capteur, indique Abbott à l’AFP.
Dans le domaine de l’orthodontie, Biotech Dental est le premier fabricant d’aligneurs dentaires au monde à intégrer une unité de recyclage dans son usine, à Salon-de-Provence (Bouche-du-Rhône). Ses aligneurs en PETG (un type de plastique) sont broyés puis transformés en bobines de fil pour les machines d’impression 3D.
La société envoie des navettes pour récupérer les vieux aligneurs consignés chez les praticiens, y compris ceux de la concurrence.
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