La Martinique, autrefois qualifiée de « perle des Antilles », fait face à des enjeux économiques, sociaux et environnementaux complexes. Mais au-delà des défis, l’île possède des ressources pour bâtir un avenir porteur d’espoir.
Une économie en quête de diversification
L’économie martiniquaise reste marquée par une dépendance aux aides publiques et une prédominance du secteur tertiaire, qui représente environ 85 % de son PIB. L’agriculture, bien qu’historiquement importante, peine à retrouver un rôle central, notamment à cause de la concurrence internationale et du choix maladroit d’une monoculture unique, celle de la banane. Le chômage, qui s’établit à 16 % (2023), touche particulièrement les jeunes, dont près de 35 % sont sans emploi, illustrant les défis structurels du marché du travail.
Une baisse démographique inquiétante
Selon les dernières données publiées par l’Insee, la population de l’île est estimée à 350 000 habitants au 1er janvier 2024, marquant une baisse de 0,9 % par an depuis 2014. La Martinique connaît une baisse alarmante de sa population. Ce déclin est lié à une combinaison de faible natalité et d’un exode massif de sa jeunesse vers la métropole ou d’autres régions. Ce phénomène accentue le vieillissement de la population, avec plus de 25 % des Martiniquais âgés de 60 ans ou plus, une proportion bien supérieure à celle de l’Hexagone.
Le drame du chlordécone : un traumatisme collectif
L’utilisation du chlordécone entre 1972 et 1993 dans les bananeraies a laissé des cicatrices profondes. Aujourd’hui, 90 % des sols de l’île sont contaminés, compromettant durablement la santé publique et les ressources agricoles. Le taux de cancer de la prostate, parmi les plus élevés au monde, reste une conséquence directe de ce scandale. Bien que des mesures aient été prises, beaucoup estiment que l’État et les autorités locales doivent intensifier leurs efforts pour une véritable réparation écologique et sanitaire. La population doit aussi mettre en œuvre des moyens pour réduire les conséquences de ce fléau, avec des tests pour évaluer la contamination et un mode alimentaire propre pour éliminer la molécule organochlorée.
La vie chère : un poids pour les Martiniquais
Comme en Guadeloupe, le coût de la vie en Martinique est nettement supérieur à celui de la métropole, avec une différence estimée à environ 12 %. Cette cherté affecte particulièrement les produits alimentaires, majoritairement importés, ainsi que le logement et l’énergie. Pour de nombreuses familles, ce contexte aggrave un sentiment d’injustice sociale.
Des infrastructures de transport insuffisantes
Le transport en Martinique demeure un défi. Bien que des progrès aient été réalisés avec des projets comme le TCSP (Transport Collectif en Site Propre), le réseau reste insuffisant pour répondre pleinement aux besoins de mobilité. La voiture individuelle reste le principal moyen de transport, générant des embouteillages chroniques et des nuisances environnementales insupportables.
Un avenir à construire collectivement
Malgré ces défis, la Martinique regorge de potentialités pour surmonter ces obstacles et transformer ses faiblesses en atouts.
Transition écologique : L’île bénéficie d’un potentiel immense en énergies renouvelables, notamment avec le solaire, l’éolien et la géothermie, qui pourraient réduire sa dépendance énergétique.
Relance de l’agriculture locale :** Le développement d’une agriculture bio et durable, en complément des cultures traditionnelles, pourrait renforcer l’autonomie alimentaire tout en favorisant une reconquête des terres contaminées.
La force de la jeunesse :** Bien que nombre d’entre eux soient partis, les jeunes Martiniquais, en métropole ou ailleurs, s’engagent dans des projets innovants pour dynamiser leur île, qu’ils continuent d’aimer profondément.
La Martinique est à un carrefour. Ses défis sont réels, mais ses ressources humaines, culturelles et naturelles constituent un socle solide pour construire un avenir meilleur. Portée par la résilience de ses habitants et un profond attachement à son identité, l’île peut espérer des jours plus lumineux, dans une perspective de justice sociale et de développement durable. Encore faut-il que l’on accepte collectivement de regarder vers l’avenir et de faire confiance en celui de notre communauté humaine. Commençons cette démarche en 2025.
Gérard Dorwling-Carter