Mardi, la distillerie Saint-James s’est animée aux couleurs de la finale du concours international The Bartenders Society. 14 participants venus des USA au Brésil en passant par la Pologne se sont affrontés à base de cocktails.
8 minutes pour faire exploser les papilles. Les 14 bartenders s’expriment dans la langue de Shakespeare, enfin presque. Avec des candidats qui viennent du monde entier, le panel reflète la variété de cocktails préparés à la minute devant le jury. Parler une langue qui n’est pas la sienne et jongler avec les essences en bouteille, c’est le périlleux exercice auquel se sont livrés les concurrents ce mardi soir. Des applaudissements nourris ont conclu chaque intervention. Signe d’encouragement du public. 14 pays dans le monde ont organisé leurs concours nationaux. Les finalistes se retrouvent en Martinique pour en découdre lors de la finale.
La maison coloniale blanche qui s’élève sous les manguiers, un petit train un brin désuet et cette odeur de jus de cannes macéré. On ne peut pas se tromper, nous sommes à la distillerie Saint-James. C’est dans la plus que bicentenaire distillerie que s’est tenue la finale du concours international The Bartenders Society organisée par La Martiniquaise. Deux cocktails pour convaincre, un avec alcool et l’autre virgin.
Fleur d’atoumo, bois d’Inde, Fruit à pain…
L’édition est particulière puisque le concours fête ses 10 ans, la maison Saint-James ses 260 ans et la marque Marie Brizard, ses 270 ans. Les bartenders du monde entier devront se distinguer devront un jury composé de sept membres. “Un peu de mes goûts dans vos verres”. Tatouée de la tête aux pieds, Gloria Grassi est venue de Bologne en Italie. C’est par ces mots qu’elle commence sa démonstration avec bien sûr du Saint James 55 degrés ” mais pas trop parce que le goût est prononcé.” On entend sa respiration durant l’épreuve trahissant là sa concentration et l’enjeu de cette finale. Mais c’est la main sûre qu’elle agite le shaker. Pour la touche locale, elle ajoute une fleur d’atoumo dans son verre. Bois d’Inde, atoumo, fruit à pain chaque concurrent a rendu hommage à la Martinique en y mettant une petite couleur locale. C’est notamment le cas de Benoît Guérin qui représentait la France hexagonale bien qu’il se soit inspiré du gâteau nantais. Il n’a pas compté ses heures pour se mettre au travail de sa créativité.

Pour apporter de l’intensité à l’exercice, le speaker égrène les minutes, rythmant ainsi les épreuves. Lionel Birota, le candidat martiniquais, est devenu bartender depuis 2022, un changement récent de carrière qui ne l’empêche pas de tutoyer les sommets. Malgré sa fébrilité ” ga mwen ka tramblé la” plaisante-il durant sa démonstration, il finit presque dans les temps. Pour sa première participation, il s’est mis le DJ et le public dans la poche par la même occasion. Malgré sa touche d’écume de surettes cochon, il n’aura pas su s’attirer les faveurs du jury.
Les candidats ont dû, à travers leur cocktail, raconter une histoire, celle de la célébration.
« L’objectif était de nous conter une histoire. Chaque participant doit trouver un aspect personnel à mettre en valeur »
explique Kate Boushel, membre du jury. Son président Matthias Giroud n’en attendait pas moins. « Il y a une véritable évolution du niveau depuis 10 ans. Aujourd’hui, on attendait l’expertise en mixologie. »
Finalement, c’est la discrète candidate grecque, Alexandra Tsatsouli qui se sera distinguée auprès du jury et qui remporte la finale de cette 10e édition.
Le mot d’Antoine Du Pontavice, directeur général des rhums Saint-James
“Ce concours d’envergure mondiale permet de rentrer dans les grands rhums à l’internationale, de rentrer dans le monde de la nuit et le monde des cocktails qui est actuellement l’axe de développement principal. La perception du rhum en Martinique est très différente de la perception du rhum dans l’Hexagone et globalement dans le monde. C’est une particularité du rhum agricole d’être bon quelque soit la façon dont il est bu. Pour un Martiniquais un rhum vieux se boira avec dévotion mais pur et un rhum blanc, c’est dans le punch. Ailleurs, c’est une base naturelle pour les cocktails. Nous cherchons à ancrer la marque dans ses traditions et son authenticité. Faire changer la marque de rhum familiale est très compliqué. Nous sommes très attachés à la ville de Sainte-Marie, au nord Atlantique. La Martinique est un pays de tradition. Il faut signaler que Saint-James est la première marque mondiale de rhum agricole. Nous sommes leaders à la fois sur les rhums blancs mais aussi dans les rhums premium.”
Laurianne Nomel