Les sociétés émettrices de titres-restaurant Edenred, Up, Natixis Intertitres et Sodexo, condamnées par l’Autorité de la concurrence en 2019 pour entente illégale, sont attaquées par un syndicat de restaurateurs qui espère un dédommagement financier. En 2021, ces groupes sont aussi accusés de prélever une commission trop élevée.
Les restaurateurs s’organisent contre les émetteurs de titres-restaurant. Le GNI, syndicat patronal des indépendants de l’hôtellerie-restauration, a appelé mercredi des milliers de professionnels du secteur à s’unir pour obtenir réparation. La raison de leur colère ? Un préjudice causé par les pratiques anticoncurrentielles des sociétés émettrices de titres-restaurant Edenred, Up, Natixis Intertitres et Sodexo, sanctionnées par l’Autorité de la Concurrence en 2019. Les quatre entreprises avaient été condamnées à un total de 414 millions d’euros d’amendes, pour une « entente portant sur des échanges d’informations » et un « verrouillage » du marché des titres-restaurant.
Contacté par MoneyVox, Edenred, lourdement sanctionné avec 157 millions d’euros d’amende, fait part de « sa surprise » et de son « incompréhension ». Le groupe rappelle aussi qu’un appel est en cours de jugement.
Pour le syndicat GNI, le « manque de concurrence sur le marché est la cause déterminante, pour les restaurateurs et tous les commerçants acceptant les titres-restaurant comme moyen de paiement », de « commissions toujours plus élevées versées aux émetteurs depuis 2002 », de « frais techniques maintenus à des niveaux indûment élevés » et de « coûts liés au maintien » des titres papier. Cette action n’est pas un recours collectif – une procédure réservée aux associations de consommateurs – mais sera une addition de procédures individuelles.
La carte dans le viseur
Fin 2020, les cartes équipent 70% des bénéficiaires chez Edenred (soit 1,4 million de personnes), 26% chez Up Chèque Déjeuner (400 000 personnes), ou 35% chez Apetiz (soit 400 000 personnes). Pensée pour simplifier la vie des usagers (et des entreprises), la carte et sa lourde commission sont au cœur de la contestation.
Le GNI a confié au cabinet Analysis group l’évaluation chiffrée du « préjudice subi », notamment en comparant les titres-restaurant à d’autres moyens de règlement, comme le taux interbancaire prélevé sur les paiements en carte bancaire, de l’ordre de 0,5%, contre « jusqu’à 3,5% pour les titres-restaurant », a rapporté Laurent Fréchet, président de la branche restauration du GNI.
Pour Romain Vidal, représentant des restaurateurs, fruits et légumes et assimilés, au sein de la Commission nationale des titres restaurants (CNTR), la commission prélevée a « été multipliée par deux depuis l’essor de la carte car le terme ‘apporteur d’affaires’ sert d’excuse à ces taux élevés. Pour un restaurateur, 5% du chiffre d’affaires sur les ventes en titres resto, ça correspond souvent à la marge. »
Le secteur des titres-restaurant représente plus de 6 milliards d’euros par an, soit 700 000 titres déjeuner que quelque 4 millions de salariés d’entreprises utilisent auprès de 200 000 restaurants ou boulangeries agréés.