Quand la douleur devient insupportable et que la justice sociale semble hors de portée, certains actes désespérés surgissent comme des cris d’alerte. Luigi Mangione, un jeune Américain de 26 ans, a commis l’irréparable face à un système d’assurance santé qu’il jugeait injuste et oppressif.
Cet acte tragique interroge sur les limites du profit et la responsabilité collective dans nos sociétés contemporaines. Le Repère de Maurice Laouchez de ce mercredi 18 décembre.
BEL BONJOU TOUT’MOUN
Le nom de Luigi Mangione va probablement entrer dans l’histoire.
C’est un jeune homme de 26 ans, né dans une famille américaine aisée, diplômé d’une des meilleures universités des Etats-Unis.
Le 4 décembre, aux aurores, dans un quartier chic de New-York, il a tué de plusieurs coups de révolver le Président Directeur général du plus grand groupe d’assurance santé des Etats-Unis.
Le rôle de ce groupe est, moyennant cotisation, d’assurer ses clients contre la maladie, comme le fait en France la Sécurité Sociale avec les cotisations des employeurs et des salariés.
Après moins d’une semaine d’enquêtes et la promesse de 10.000 dollars de récompense à toute personne fournissant une information permettant l’arrestation, l’assassin a été repéré à des centaines de kilomètres de New-York, arrêté et incarcéré.
Le mobile de ce crime est significatif d’un problème qui nous concerne tous.
Luigi Mangione, lui-même affligé de douleurs dorsales graves, justifie en effet son geste criminel par les tarifs trop élevés pratiqués par les sociétés d’assurances, et par les réticences de celles-ci à faire face à leurs engagements lorsqu’on a besoin d’elles.
Alors même que ces sociétés dégagent chaque année des dizaines de milliards de dollars de profit, et que les rémunérations de leurs hauts dirigeants tutoient le million de dollars par mois, leurs refus de prise en charge plongent chaque année des milliers d’Américains dans la misère la plus totale.
Le contraste, dans de nombreux pays, est de plus en plus mal supporté entre les profits et les salaires mal justifiés de quelques-uns, et les souffrances d’un grand nombre.
Que faire ?
La solution n’est ni dans les régimes marxistes dont l’échec est patent, ni dans l’Etat-Providence que nous connaissons bien, ruiné, car contraint d’emprunter sans cesse pour faire face aux innombrables attentes.
La solution est le renforcement de la responsabilité, dans tous les secteurs d’activité, tant pour le citoyen que pour l’entreprise et pour l’Etat.
Seul un Etat lui-même dégagé de tâches de gestion qu’il ne sait pas faire, peut, a la légitimité suffisante pour assurer les tâches d’orientation, de péréquation, et de contrôle indispensable dans une démocratie.
Puisse le geste désespéré mais mûrement réfléchi de Luigi Mangione être l’occasion d’un approfondissement de la réflexion et de l’action sur ce véritable problème de société, aux Etats-Unis comme en France et de nombreux autres pays.
MANMAY AN NOU GADÉ DOUVAN!