Close Menu
ANTILLA MARTINIQUE | Avec vous depuis 1981

    Abonnez-vous

    Recevez les dernières actualités créatives de ANTILLA concernant l'art, le design et les affaires

    Les tendances du moment

    La montée des eaux dans les Outre-mer : Et pourtant elle monte ! par les Rapporteurs du CESE

    juillet 7, 2025

    Qui est concerné par la montée des eaux ? Une tribune de PUMA

    juillet 7, 2025

    La vie devrait être belle : un chant visuel de liberté et de spiritualité à la Fondation Clément

    juillet 7, 2025
    Facebook X (Twitter) Instagram
    ANTILLA MARTINIQUE | Avec vous depuis 1981ANTILLA MARTINIQUE | Avec vous depuis 1981
    • Rubriques
      • Art/Culture
      • Ecologie / Environnement
      • Patrimoine
      • Entreprises
      • Le Regard de Gdc
      • Édito de Henri PIED
      • Politics
      • Santé
      • Sports
      • Caraïbe
    • Newsletter 
    • Publicité
    • Contact
    annonces
    ABONNEMENT
    ANTILLA MARTINIQUE | Avec vous depuis 1981
    Home » Chlordécone et préjudice écologique : une reconnaissance juridique des atteintes environnementales.
    Actualité

    Chlordécone et préjudice écologique : une reconnaissance juridique des atteintes environnementales.

    juin 30, 2025Mise à jourjuillet 1, 2025Aucun commentaire
    Facebook LinkedIn WhatsApp

    Par la rédaction 

    La pollution au chlordécone en Martinique et en Guadeloupe constitue un grave désastre environnemental. Alors que les effets sanitaires, économiques et sociaux sont largement documentés, la reconnaissance juridique d’un préjudice écologique structurel tarde à se concrétiser. Cet article propose d’examiner comment la notion de préjudice écologique, introduite dans le droit français en 2016, pourrait offrir un levier efficace pour contraindre l’État à engager des réparations à la hauteur des dommages subis.

    IUne pollution durable aux lourdes conséquences.

    Le chlordécone est un pesticide organochloré hautement persistant, utilisé dans les bananeraies des Antilles françaises entre 1972 et 1993, malgré la connaissance précoce de sa toxicité[1]. Il est désormais classé parmi les polluants organiques persistants par la Convention de Stockholm, en raison de sa stabilité chimique, de sa bioaccumulation dans les organismes vivants et de ses effets délétères sur la santé humaine et les écosystèmes[2].

    Plusieurs décennies après son interdiction, la contamination des sols, des nappes phréatiques et des chaînes alimentaires reste massive : selon Santé publique France, 95 % des Guadeloupéens et 92 % des Martiniquais présentent des traces de chlordécone dans leur organisme[3]. L’exposition à cette substance est suspectée d’augmenter significativement le risque de cancer de la prostate, maladie dont l’incidence est particulièrement élevée aux Antilles[4].

    La pollution affecte également les secteurs économiques traditionnels : interdictions de pêche dans des zones maritimes entières, effondrement de la production aquacole, impossibilité pour les éleveurs de commercialiser des bovins contaminés, abandon de nombreuses cultures vivrières dites « sensibles »[5].

    La réponse de l’État  est insuffisante.

    Face à ce désastre, l’État a mis en œuvre une série de « plans chlordécone », dotés de financements modestes (quelques dizaines de millions d’euros par plan), sans véritable stratégie de dépollution ni d’indemnisation systémique des victimes[6].

    En juin 2025, le Sénat a adopté une résolution reconnaissant la « part de responsabilité » de l’État dans la gestion du chlordécone. Cette formulation, jugée insuffisante par de nombreux parlementaires et associations, n’est pas assortie d’un fonds d’indemnisation, ni d’une reconnaissance pleine et entière du préjudice collectif subi par les populations antillaises[7].

    Jusqu’à présent, les actions en justice ont principalement porté sur des préjudices individuels, sans s’appuyer sur la notion de dégradation systémique des milieux, pourtant documentée depuis plus de vingt ans par la recherche scientifique[8].

    Le préjudice écologique : un fondement juridique utilisable.

    La loi du 8 août 2016 pour la reconquête de la biodiversité a introduit dans le Code civil la notion de préjudice écologique. L’article 1246 dispose : « Toute personne responsable d’un préjudice écologique est tenue de le réparer »[9]. Ce préjudice se définit comme « une atteinte non négligeable aux éléments ou aux fonctions des écosystèmes » (article 1247), et sa réparation peut être demandée par les personnes publiques ou privées concernées (article 1248).

    Cette notion est donc susceptible d’être invoquée dans le cas du chlordécone.
    En effet :

    La responsabilité de l’État a été reconnue par le juge administratif, en raison des autorisations prolongées accordées à l’usage du pesticide, malgré des alertes sanitaires dès les années 1970[10].
    Les atteintes aux sols, aux ressources halieutiques, à la biodiversité terrestre et marine sont avérées, continues et mesurables.
    Le coût de la restauration des milieux est évalué à 3,2 milliards d’euros par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, ce qui contraste avec les sommes engagées jusqu’à présent[11].

    Une stratégie contentieuse pour une réparation intégrale

    La mobilisation du préjudice écologique permettrait de dépasser le cadre des réparations individuelles pour envisager une restauration systémique des milieux dégradés. Les collectivités territoriales, concernées par la pollution de leurs sols, et les associations de protection de l’environnement, disposent d’une légitimité juridique pour engager une telle action.

    Plusieurs mesures pourraient être exigées :                                                                                                                         La dépollution ciblée de certaines zones critiques (par phytoremédiation ou techniques de stabilisation chimique) ;
    La reconversion agroécologique des terres partiellement exploitables ;
    Le développement de filières de dépistage, d’analyse et de suivi de la contamination dans la faune marine ;
    Des  compensations économiques pérennes pour les filières agricoles et halieutiques affectées.
    Une action en responsabilité permettrait aussi, si l’État ne procédait pas lui-même à la restauration, de transférer aux collectivités les crédits nécessaires à la mise en œuvre de ces mesures.

    La catastrophe environnementale du chlordécone incarne une forme de violence lente[12], insidieuse, invisible, mais profondément destructrice. En mobilisant la notion de préjudice écologique, les collectivités et associations antillaises disposent aujourd’hui d’un outil juridique susceptible de faire évoluer la réponse publique. Il ne s’agit pas seulement de réparer les dégâts d’hier, mais de garantir aux générations futures un environnement vivable, une justice effective, et la reconnaissance d’un droit à la santé et à la dignité environnementale.

    Références

    [1] Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER), Rapport sur l’utilisation du chlordécone aux Antilles françaises, 2006.

    [2] Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants, Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), 2001.

    [3] Santé publique France, Exposition de la population au chlordécone aux Antilles, 2018.

    [4] Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES), Chlordécone et cancer de la prostate : évaluation du lien de causalité, février 2023.

    [5] Arrêté du 25 janvier 2019 fixant les LMR (limites maximales de résidus) de chlordécone dans les denrées alimentaires.

    [6] Ministère des Outre-mer, Plan Chlordécone IV (2021–2027), 2021.

    [7] Sénat, Texte adopté n° 74 sur la reconnaissance du rôle de l’État dans la pollution au chlordécone, 12 juin 2025.

    [8] INRAE (Antilles-Guyane), Travaux sur la contamination des sols et la remédiation des écosystèmes pollués, 2000-2024.

    [9] Code civil, art. 1246 à 1252 (issus de la loi n° 2016-1087 du 8 août 2016).

    [10] Tribunal administratif de Paris, Jugement du 27 juin 2022, reconnaissant une « faute de l’État » pour carence dans la gestion du chlordécone.

    [11] OPECST, Rapport sur les conséquences de la pollution au chlordécone, janvier 2023.

    [12] Nixon, Rob, Slow Violence and the Environmentalism of the Poor, Harvard University Press, 2011.

    Share this:

    • Facebook
    • X

    Articles similaires

    Partager. Facebook LinkedIn WhatsApp
    Article précèdent Cet hôtel tout compris de Montego Bay est (en quelque sorte) adapté aux familles
    Article suivant Le Grand Port Maritime de la Martinique, 5e port le plus ponctuel au monde

    ARTICLES SEMBLABLES

    La vie devrait être belle : un chant visuel de liberté et de spiritualité à la Fondation Clément

    juillet 7, 2025

    EXPOSITION. Entretien avec Dayneris Brito : « Cette exposition est un cadeau de beauté, de spiritualité et de mémoire »

    juillet 7, 2025

    ENVIRONNEMENT. Gestion des déchets en entreprise : une table ronde pour anticiper la crise

    juillet 7, 2025
    Ajouter un commentaire
    ECRIVEZ UN COMMENTAIRE Cancel Reply

    Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

    Actualités de la Caraïbe
    Caraïbe

    Dominique – Le Festival mondial de musique créole fête son 25e anniversaire cette semaine

    Caraïbe juillet 6, 2025

    Dominica News Online –  La Discover Dominica Authority, en collaboration avec le ministère du Tourisme,…

    Share this:

    • Facebook
    • X

    Avis de vacance : Directeur exécutif du Conseil dominicain sur le vieillissement Conseil dominicain sur le vieillissement –

    juillet 6, 2025

    St. Lucie- Alfred termine deuxième au Prefontaine Classic

    juillet 6, 2025

    Dominique – L’Association hôtelière et touristique de la Dominique annonce la création d’une nouvelle compagnie aérienne United Airlines vol et service accru d’American Airlines

    juillet 6, 2025
    EN JUILLET, ABONNEZ-VOUS !
    UNE EXPOSITION EXCEPTIONNELLE !
    De l’idée à l’action, avec vous au quotidien

    Abonnez-vous

    Recevez les dernières actualités de Antilla Martinique.

    Merci ! Votre demande a bien été prise en compte.

    Publiez vos annonces Légales
    Consultez les annonces légales
    Consulter nos anciens numéros
    Nos différentes rubriques
    Archives
    EN JUILLET, ABONNEZ-VOUS !
    EN JUILLET, ABONNEZ-VOUS !
    © 2025 Copyright ANTILLA. Tous drois réservés. Programmé par ANTILLA.
    • CONTACTEZ-NOUS
    • MARKETING
    • MENTIONS LÉGALES
    • CONSULTEZ LES ANNONCES LÉGALES

    Type above and press Enter to search. Press Esc to cancel.