Une étude scientifique, publiée dans Communications Biology, vient de repousser de plusieurs dizaines de millions d’années les premières données communément admises sur la communication chez les insectes.
Grâce à la découverte du plus ancien représentant fossile du groupe des Titanoptères, une équipe de chercheurs de l’Institut de Systématique, Évolution, Biodiversité (ISYEB – Muséum national d’Histoire naturelle, CNRS, Sorbonne Université, EPHE, Université des Antilles) démontre que ces insectes, vivant durant la période du Carbonifère, il y a environ 310 millions d’années, étaient capables d’émettre des signaux de communication variés, acoustiques ou visuels, à l’instar de nombreux insectes actuels.
Dans le Nord de la France, des scientifiques de l’ISYEB ont récemment trouvé des fossiles de Titanoptères : un ordre d’insectes ayant vécu de la période du Carbonifère (dite ère Primaire ou Paléozoïque) au Trias (dite ère secondaire ou Mésozoïque). Une de leurs particularités est la présence de zones spécialisées sur leurs ailes, longtemps assimilées à des organes acoustiques comme les appareils de chant des grillons et des sauterelles.
Grâce à des méthodes d’imageries modernes et des expérimentations sur des spécimens, et par comparaison avec les ailes de nombreux insectes fossiles et actuels, les chercheurs démontrent que ces zones réfléchissent la lumière dans des directions privilégiées, produisant des flashs, comme le font de nombreux insectes modernes tels que les papillons Morpho aux ailes iridescentes. De plus, la diversité des morphologies trouvées chez les Titanoptères tend à prouver qu’une communication sonore, de type crépitement, était également possible chez certaines espèces de ces insectes du Carbonifères.
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Cette découverte révèle que les insectes étaient capables de communiquer il y a plus de 310 millions d’années, soit plusieurs millions d’années plus tôt que ce que les précédentes études avaient communément admis. L’étude met aussi en évidence une diversité fonctionnelle chez les insectes bien plus grande qu’envisagée jusqu’à présent.
Depuis une dizaine d’années, le terril carbonifère d’Avion (Pas-de-Calais) a ainsi pu livrer une vingtaine de fossiles cruciaux pour comprendre l’évolution des insectes. Ce patrimoine géologique, sans équivalent, est d’un intérêt scientifique mondial mais se trouve aujourd’hui menacé d’être transformé en matériaux de construction.
Référence
Schubnel et al., Communications Biology 2021