Les dés semblent bien bien jetés, Donald Trump sera bien le candidat des républicains, à la prochaine présidentielle des États-Unis.
Il a commencé bien avant ses challengers au sein du parti républicain sa compagne pour les primaires, taxant ses opposants démocrates de «vermine» ou accusant l’afflux migratoire en Amérique d’«empoisonner le sang de notre pays».
Et comme il se trouve être en campagne, il faut bien que lui et son entourage parlent de leur programme. Pour cela, il lui faudra reporter les primaires, mais aussi échapper aux 91 chefs d’accusation criminels formulé à son encontre, pour battre Joe Biden le candidat démocrate, le 7 novembre.
Et ce sont de véritables propos
de dictateur que le candidat républicain et son entourage propagent dans le cadre de cette campagne.
L’axe principal est d’ « étendre le pouvoir exécutif en recourant à la théorie juridique de «l’exécutif unitaire» qui restreint le rôle de contrôle du Congrès et annihile toute indépendance des diverses agences fédérales – (régulation d’Internet, de la santé, du commerce ou de l’environnement) – pour les soumettre à la seule autorité de la Maison Blanche.
Aussi, en supprimant par décret l’actuelle protection des emplois des fonctionnaires contre les revirements politiciens, (le spoil system), pour pouvoir les remplacer par des partisans soumis, « au ministère de l’Education, dans le système judiciaire, la sécurité nationale et le FBI «instrumentalisés» par les démocrates contre lui » comme il aime à dire pour justifier le grand nombre d’affaires judiciaires engagées contre lui.
Il compte placer un procureur spécial pour poursuivre Joe Biden, et toute sa famille. Son programme prévoit, de gracier «les prisonniers politiques», notamment ceux qui ont pris part au soulèvement du 6 janvier 2021, et l’envahissement du Capitole pour empêcher la oroclamation du candidat Biden à la présidence des États-Unis.
Donald Trump annonce également qu’il fera juger les membres de la commission d’enquête parlementaire sur ses agissements « pour trahison».
Il a annoncé la «Plus vaste opération d’expulsion de l’histoire américaine et le blocage de la frontière livrée selon lui à une «invasion». Pour ce faire, il compte utiliser des centaines de milliers de troupes militaires rapatriées des garnisons à l’étranger.
Son programme prévoit de vastes camps de détention, des conditions d’obtention de visa, sur la base de critères politiques, la relance du Muslim Ban de 2017, ciblant les ressortissants des pays musulmans (dont les réfugiés palestiniens venus de Gaza).
Il envisage également d’abolir le droit au sol qui, depuis la guerre de Sécession accorde la citoyenneté américaine à toute personne née aux Etats-Unis.
S’agissant du conflit Russie-Ukraine, son plan est d’une grande grande simplicité, directement négocier avec Poutine l’annexion d’une partie du territoire ukrainien. A l’occasion, il compte réévaluer « en profondeur» le bien-fondé et les objectifs de l’Otan (qu’il avait déjà failli quitter en 2018), tout en exigeant des Etats Européens qu’ils remboursent les stocks d’armes adressés à l’Ukraine au motif de la protection du territoire européen.
Le slogan «America First»
deviendra l’expression d’une guerre mondiale commerciale faite
de taxes douanières sur les importations – 10 % d’augmentation des droits actuels,
d’autres pénalités plus importantes, pour les concurrents estimés déloyaux ou menaçants, dont essentiellement la Chine.
Le candidat républicain prône un protectionnisme radical pour
rééquilibrer la balance commerciale américaine, la réindustrialisation à outrance des Etats-Unis, l’extraction du pétrole, du gaz et du charbon américains sur les terres fédérales, tout en dérégulant les normes environnementales protectrices et les importants investissements engagés par l’administration Biden dans le cadre de la transition énergétique.
Si Donald Trump annonce la suppression du ministère de l’Education, il permettra que les professeurs soient armés,
Il rendra obligatoire la prière en classe et prône une «éducation patriotique», «la famille traditionnelle», «les rôles des mères et des pères»,et toutes choses «qui rendent les hommes et les femmes différents et uniques».
D’ailleurs, il annonce une nouvelle loi fédérale qui ne reconnaît «que deux genres»,déterminés à la naissance, et il fera supprimer les soins de transition à destination des mineurs.
Les 650 000 personnes se trouvant sans logis aux Etats-Unis en 2023 iront en prison, ou dans des «villes de tentes» installées loin de tout, «sur des terrains pas chers».
La garde nationale sera requise pour sécuriser les «villes démocrates», New York, Chicago ou San Francisco. D’ailleurs il invite la police à tirer à vue sur les trafiquants de drogue et autres délinquants.
Le candidat républicain a annoncé des forces armées sur le territoire mexicain pour s’attaquer directement aux cartels, la suppression des manifestations populaires, par le recours à une loi controversée, l’Insurrection Act.
Mais que le parti républicain se garde de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, puisque l’état du Maine a jugé Trump «inapte» à la présidence. Donald Trump ne figurera pas sur les bulletins de la primaire républicaine, cela une semaine après une décision similaire dans le Colorado. Des décisions en lien avec l’assaut du Capitole en 2021. Les autorités judiciaires estimant, qu’«Il n’est pas apte à la fonction de président» au titre du 14e amendement de la Constitution, qui exclut de de toute responsabilité publique les personnes s’étant livrées à des actes d’«insurrection », ce qui fut le cas quand Donald Trump a incité ses troupes à envahir le Capitole pour que ne soit pas proclamée l’investiture de Joe Biden.
Le retour de Donald Trump aux affaires signifie l’ utilisation abusive des médias sociaux pour diffuser ses propres messages et pour attaquer ses détracteurs,
pour saper la confiance du public dans les institutions démocratiques.
Ce sera le retour dans l’espace public des groupes extrémistes tels
les Proud Boys ou les Oath Keepers qui n’hésitent pas à s’attaquer aux bases de la démocratie américaine par des actions militaires violentes
telle l’attaque du Capitole des États-Unis le 6 janvier 2021.
Que l’on qualifie Trump de dictateur, ou de populiste autoritaire, puisque pour le moment il n’a pas renversé les institutions démocratiques américaines, mais qu’il a plutôt utilisé les failles du système
dans sa quête de pouvoir, importe peu. Ce qu’il faut retenir est que l’avènement d’un tel personnage à la tête d’un pays qui se veut être la plus grande démocratie du monde ne peut être bon pour le reste de la planète.
Gérard Dorwling-Carter.