Deux dossiers brûlants sur lesquels étaient attendu Manuel Valls, ministre des Outremer : la vie chère et l’escalade du narcotrafic. Si pour le premier sujet, le ministre a annoncé un projet de loi visant à lutter contre la vie chère, Manuel Valls a réaffirmé les intentions de l’Etat.
Mardi, petite singularité, c’est au son du biniou qu’a été accueilli le ministre des Outre-mer au Fort-Saint-Louis à Fort-de-France. Drone de dernière génération, jumelles ou armes, les forces de l’ordre ont sorti l’artillerie lourde. En effet, elles étaient en démonstration de leurs moyens dans la lutte contre le narco trafic. 2024 a été une année record. Selon l’Ofast (Office anti stupéfiant), 30 tonnes de produits stupéfiants ont été saisies. Des chiffres en constante augmentation. Le préfet, Etienne Desplanques en avait déjà fait une priorité sur sa feuille de route : « La montée de la délinquance au cours des dernières années est très inquiétante. Le narco trafic et le trafic d’armes y sont pour beaucoup : quand on consomme de la cocaïne dans le monde, en particulier en Europe, ce sont des familles martiniquaises endeuillées qui, ici, en paient le lourd tribut. En la matière, l’État doit être intraitable. »
Manuel Valls va dans ce sens. « L’Etat est conscient qu’il existe un risque existentiel et d’effondrement pour la Martinique face à la puissance de feu et de violence que porte le narco trafic qui vient d’Amérique centrale et du sud. » Le ministre assure que l’Etat continuera à mettre des moyens importants de surveillance, de détection et de renseignement. Il prévient cependant : « Nous avons, face à nous, une armée criminelle qui met tous les moyens en œuvre pour faire passer la cocaïne notamment. » Les mots sont posés, la Martinique tout comme la Guadeloupe est une plaque tournante du trafic de stupéfiants et d’armes. Des contrôles air, terre, mer seront intensifiés grâce à des drones ou à des radars dans des zones poreuses comme le port et l’aéroport. « L’Etat ne laissera rien passer parce qu’il en va de la sécurité de la vie des Martiniquais. » De nouveaux radars seront mis en place dans les semaines à venir. « Il faudra ensuite une montée en puissance des moyens de surveillance. La Martinique est en train de devenir un point nodal de ce trafic. » Le trafic est organique. « Il y a eu un travail efficace en Guyane ce qui explique un déport vers la Guadeloupe et la Martinique.”
La Martinique n’est pas qu’une plaque tournante des trafics. Les armes et la drogues s’implantent dans la population locale. « L’Etat ne laissera pas tomber la Martinique. C’est une guerre qu’il faut mener au narco trafic. Tous les niveaux doivent se mobiliser. » La circulation des armes et l’augmentation des violences commises dans le territoire se traduisent en chiffres. Selon l’atlas du SSMSI (Service statistique du ministériel de la sécurité intérieure), entre 2023 et 2024, les homicides ont augmenté de 36% et les tentatives d’homicides de 138%.
Laurianne Nomel