Droit de réponse de la CTM par Fernand ODONNAT, Président de la commission Aménagement du territoire, Grands travaux, Transports, Infrastructure et Risques Majeurs de la Collectivité Territoriale de Martinique.
Ce Droit de réponse fait suite à l’interview dans Antilla de Jean-Yves, Bonnaire, et au Courrier de Contact-Entreprises du 20 janvier adressé au président de la CTM suite aux Vœux du président Letchimy.
M. Bonnaire, une clarification nécessaire
Vos déclarations récentes publiées dans l’article d’Antilla (NDLR : et dans le courrier de Contact-Entreprises au président de la CTM) exigent une réponse sans équivoque, tant elles travestissent une réalité que les Martiniquais connaissent trop bien. Vos propos, qui cherchent à minimiser les problématiques structurelles de notre économie, traduisent non seulement une déconnexion flagrante, mais également une posture complice d’un système qui étouffe consommateurs et producteurs locaux.
Sur les monopoles et oligopoles
Contrairement à vos affirmations, il est établi, y compris par l’Autorité de la concurrence, que le secteur de la distribution dans les DROM, et particulièrement en Martinique, est hautement concentré. Les pratiques de domination dans des secteurs stratégiques tels que la grande distribution, l’import-export et l’automobile sont largement documentées. Cette intégration verticale fausse la concurrence et asphyxie les petits acteurs locaux.
Un écart de prix de 40 % sur les produits alimentaires entre l’Hexagone et la Martinique n’est pas une invention, mais un constat objectif tiré d’études sérieuses. Ignorer ces faits, c’est fermer les yeux sur une situation qui laisse producteurs et consommateurs à la merci de marges abusives et de pratiques monopolistiques.
Nier cette réalité revient à se rendre complice des inégalités systémiques et des pressions économiques qui privent la population martiniquaise de solutions viables pour le pouvoir d’achat et le développement économique.
Le mouvement populaire d’ampleur qui secoue notre pays témoigne de cette réalité, que vous feignez de ne pas voir.
Sur le POSEI et l’agriculture locale
Votre discours concernant les fonds POSEI révèle une vision partiale et orientée. Si la diversification agricole est une priorité, pourquoi passer sous silence le déséquilibre criant dans la répartition des dotations ? Actuellement, plus de 85 % des fonds sont alloués à la filière banane, laissant les petites exploitations locales dans un état de sous-financement chronique.
En Martinique, 70 % des exploitations agricoles font moins de 5 hectares. Ce sont elles qui portent des initiatives agroécologiques, contribuent à la sécurité alimentaire locale et incarnent l’avenir de l’agriculture martiniquaise. Pourtant, elles sont systématiquement ignorées par les politiques publiques actuelles, un fait que vous omettez délibérément.
La réforme du POSEI proposée par la CTM est une avancée essentielle pour répondre aux besoins réels de ces exploitations :
- Une répartition des fonds pilotée localement pour une meilleure adéquation avec les priorités martiniquaises.
- L’inclusion de toutes les formes d’organisations de producteurs, y compris les marchés locaux.
Votre résistance face à ces changements montre une défense du statu quo, profitable à quelques-uns, mais préjudiciable à la majorité des acteurs économiques locaux.
Sur le pouvoir d’achat et les solutions proposées
Vos suggestions concernant le rôle de la CTM dans la gestion des transports publics ou des subventions européennes sont un écran de fumée. La véritable question est de savoir pourquoi vous refusez d’adresser les pratiques abusives des groupes dominants qui contribuent directement à la crise économique. Les Martiniquais n’attendent plus de discours creux sur un « dialogue constructif » tant que les responsabilités des grands acteurs économiques ne sont pas reconnues. Le coût de la vie ne pourra être réduit qu’en brisant les pratiques monopolistiques qui maintiennent l’île dans une situation d’asphyxie économique.
Un appel à la responsabilité
M. Bonnaire, vos déclarations et votre posture dans ce débat dépassent la simple maladresse. En soutenant systématiquement les intérêts des grands groupes économiques qui concentrent richesse et pouvoir, vous vous positionnez comme un complice actif d’un système inégalitaire. Vous jouez le rôle du “Nègre de maison”, un défenseur zélé des puissants, au détriment des intérêts du peuple martiniquais.
Plutôt que de trahir ceux que ce système écrase, il serait temps d’assumer votre responsabilité, non pas envers les monopoles, mais envers les petites entreprises, les agriculteurs locaux, les consommateurs, et toutes celles et ceux qui attendent des actions concrètes pour un avenir plus juste.
Vos choix et vos mots pèsent lourd : continuez à défendre l’inacceptable, et vous serez perçu comme le symbole d’une trahison envers l’émancipation économique et sociale de la Martinique. Les Martiniquais ne sont pas dupes. L’histoire jugera.
M. Fernand ODONNAT,
Président de la commission Aménagement du territoire, Grands travaux Transports, Infrastructure et Risques Majeurs
2 commentaires
il y a eu une table ronde au Sénat le 11/12/2024 sur la vie chère et les monopoles???, Mr Odonnat a dit quoi???, le POSEI, Letchimy???, Alain Viviès a dit que le POSEI donne 404€ par tonne de production agricole??? EX : pour 100 tonnes de citrons produites 404€ X 100t ===, les membres de la CTM sont des bons à rien et ils sont mauvais en tout, ils sont rpprac les élections arrivent
Monsieur ODONNAT, j’ai pris connaissance de votre droit de réponse sans avoir lu les propos de Monsieur Jean-Yves Bonnaire.
Sur le fond, je partage largement votre analyse, à une exception majeure : la politique de transport de la CTM.
Sur ce point, il est impossible de cautionner l’inaction et l’échec manifeste d’une institution qui condamne ceux qui n’ont pas les moyens d’acheter une voiture à une galère quotidienne.
Plutôt que de multiplier les excuses et les promesses vides, la CTM ferait mieux de se taire et d’agir enfin pour doter la Martinique d’un véritable réseau de transport public.