2025, c’est une célébration pascale dont tous les catholiques se souviendront. Le Pape François est décédé lundi de Pâques. La veille, affaibli, il s’était présenté au balcon de la basilique Saint-Pierre. Parmi ses derniers mots aux fidèles : « Chers frères et sœurs, joyeuses Pâques » avait-il alors souhaité à la foule. De nombreux chef d’Etat dont Emmanuel Macron seront présents lors de sa cérémonie d’enterrement, samedi. En attendant, la dépouille du Pape François est présentée au public au sein de la basilique Saint-Pierre de Rome.
L’Eglise catholique de Martinique réagit : La mort du souverain pontif a suscité une grande émotion dans l’âme de tous les fidèles catholiques et dans le cœur de beaucoup d’hommes et de femmes de bonne volonté. A la Martinique comme ailleurs, toute la communauté est touchée par ce décès. Nous savions notre pasteur âgé et affaibli par la maladie et de longues épreuves. A la suite de son hospitalisation prolongée de ces dernières semaines, nous avons été extrêmement touchés par le fait qu’il ait tenu à venir sur la place Saint-Pierre, le Dimanche de Pâques, bénir la ville de Rome et le monde (Urbi et Orbi).
Nous avons reçu l’annonce de son décès comme un ultime message de Foi, d’Espérance et d’Amour : « Ils sont finis les jours de la passion, je vous laisse dans l’Espérance et dans la vie pour traverser les ténèbres de ce monde avec le Christ Ressuscité ! ». Nous gardons de notre Saint-Père l’image d’un homme rempli d’humilité et proche du peuple. Pendant les douze ans de son pontificat, fidèles à ses prédécesseurs dans la doctrine et la Tradition de l’Église, très ferme sur les questions morales comme l’éthique de la vie, il a su conserver un style personnel et libre qui a pu surprendre certains. Il a voulu montrer comment l’Église Catholique s’investit partout envers les plus démunis, les migrants, les personnes discriminées, les lieux de fractures, et se mobilise en faveur de l’écologie intégrale. Avec fermeté, sagesse et clairvoyance, il a su faire entendre la position de l’Église dans les conflits de notre monde.
Les Martiniquais ne peuvent oublier ce message qu’il a adressé le 30 octobre 2019, sur la Place Saint-Pierre, à destination d’un groupe d’élus et de militants politiques martiniquais venus en pèlerinage : « Demandez la grâce d’être remplis de l’Esprit Saint pour faire jaillir l’espérance du salut au cœur des ténèbres illuminées par le Christ, pour vivre l’hospitalité, avoir une foi audacieuse qui brise les barrières et libère la joie du vivre ensemble ». On peut souhaiter que ces paroles prophétiques et si adaptées à notre situation deviennent des orientations pastorales et sociétales inspirantes pour tous.
Mgr David Macaire, notre archevêque, a eu l’occasion de le rencontrer à plusieurs reprises. Il lui a rendu hommage dans les médias, et nous livre ce message : L’héritage spirituel laissé par le pape François à l’Église se situe principalement dans le domaine pastoral. François a su adopter une approche personnelle et a rompu avec certaines pratiques vaticanes, mais il n’était pas un innovateur sur le plan doctrinal. Au contraire, il nous a invités à ne pas transiger sur les questions morales et notamment celles qui touchent à la vie. Avec originalité, il a guidé l’Église dans la mise en œuvre de la doctrine définie par le Concile et ses prédécesseurs. Ses encycliques, comme Evangelii Gaudium, Amoris Laetitia, Laudato Si et son choix de la synodalité comme mode de gouvernement resteront des phares pour la vie catholique et de l’agir humain des prochaines décennies. Avec une grande liberté, le pape François n’a pas cherché à plaire ou à avoir une posture « politique », il agissait pour le bien.
Loin des interprétations idéologiques, il a montré comment ne jamais relativiser l’Évangile et conduire les âmes vers le Christ. Il estimait qu’avant de dénoncer les déviances des personnes, il fallait d’abord leur annoncer qu’ils sont aimés de Dieu, puis les guider, petit à petit, vers une réponse libre à l’amour exigeant du Seigneur. Pasteur prophétique, il a voulu incarner l’humilité de l’Église qui va humblement vers ce monde profondément blessé, pour lui faire expérimenter la Miséricorde de Jésus. Je lui sais gré de m’avoir fait confiance en m’appelant à servir comme témoin et pasteur, le peuple de Dieu qui est en Martinique. Je le remercie aussi pour les peuples de Guyane et de Guadeloupe, d’avoir choisi mes frères Alain et Philippe. J’espère que nous pourrons suivre son exemple. Le temps est venu pour tous les fidèles, non pas de spéculer sur la couleur de peau, l’origine ou le positionnement politique du prochain pape, mais de redoubler de prière et de renouveler leur confiance en l’Esprit-Saint qui conduit notre Église depuis 2000 ans. Rendant grâce à Dieu pour ce pontificat lumineux, n’oublions pas de prier pour notre bien-aimé Pape disparu. »
Source : Eglise catholique de Martinique