Rencontre dans “Envoyé spécial” du 6 janvier 2022. L’histoire de Jadav Payeng ressemble à un conte écologique. Pour sauver la terre où il est né, il a créé de ses mains une forêt. En Assam, au nord-est de l’Inde, l’île de Majuli est menacée par la montée des eaux et le réchauffement climatique. La forêt de Molai, avec ses bambous aux racines denses qui retiennent la terre, ralentissant l’érosion, est aujourd’hui le bijou de l’île, et l’œuvre d’une vie. Lorsqu’il était adolescent, il y a quarante ans, c’est une inondation massive qui a poussé Jadav Payeng à agir : “une crue énorme, qui a commencé en Chine, et qui est passée par la région de l’Arunachal Pradesh”. Les flots ont drainé des tonnes de débris, et aussi différentes sortes de serpents, raconte-t-il. “Envahi par une immense tristesse” en découvrant tous ces serpents morts, il est allé demander conseil aux anciens de sa tribu. Ils lui ont dit de planter des bambous – ce qu’il a fait. Trente ans plus tard, une forêt s’étend sur 550 hectares. Elle est devenue un refuge pour les animaux sauvages, comme les éléphants et les rhinocéros. “Tous les dégâts qui ont été causés à la nature sont la conséquence de nos actions irresponsables. On ne peut pas revenir en arrière, mais il faut arrêter la déforestation tout de suite, et replanter des arbres partout.” Jadav Payeng dans “Envoyé spécial” Il faut maintenant continuer ce combat à bien plus grande échelle. Conscient que “le réchauffement climatique va avoir un impact désastreux sur la planète”, Jadav Payeng “espère que nous pourrons survivre en protégeant les forêts, parce que sans elles, ce sera impossible”. Son action pour la préservation de la nature est célèbre dans la région : partout, les gens se pressent pour rencontrer le “Forest Man” de l’Inde. En 2015, le gouvernement lui a décerné une Padma Shri, une décoration civile parmi les plus importantes