Il y a tant de vrai dans cette tribune qui circule sur le net qu’en dépit d’une signature non identifiable, nous avons cru intéressant de la publier, sans pour cela adhérer intégralement à ce qui y est énoncé.
Gérard Dorwling-Carter
Vu sur les réseaux , À lire, impérativement,
en conscience 👌
La Martinique étouffe !
Quand l’élite intellectuelle se tait et que les proxies parlent
La Martinique se meurt doucement, non pas faute de richesses naturelles, ni de talents humains, mais parce que ses forces intellectuelles et morales, celles qui devraient porter une vision pour le pays, ont déserté le champ politique et social. Par lassitude, par dégoût ou par stratégie, elles laissent un vide béant. Et ce vide est comblé par des figures politiques de plus en plus décevantes… ou par des voix extérieures, souvent marginales, qui finissent par imposer leur tempo.
Nous assistons à une lente décomposition du débat public. Les vrais enjeux précarité, violence, avenir de la jeunesse, pouvoir d’achat, souveraineté économique sont étouffés par une guerre d’égos, des règlements de compte numériques et une politique spectacle, vide de fond mais riche en gesticulations.
Le théâtre des proxies
À l’image de certains régimes autoritaires qui utilisent des groupes intermédiaires (les « proxies ») pour faire le sale boulot à leur place, certains responsables politiques martiniquais utilisent aujourd’hui des figures issues des réseaux sociaux comme leurs boucliers ou leurs fusils. Des influenceurs se transforment en exécutants zélés, en relais de communication officieux, parfois même en justiciers autoproclamés.
Prenons l’exemple de Petitot, devenu une sorte de « proxy » au service d’un clan politique. Il dit tout haut ce que ses protecteurs n’osent pas assumer publiquement. Il insulte, il menace, il divulgue des documents confidentiels.
La publication récente d’un mail privé envoyé par Béatrice Bellay aux députés Nilor et Nadeau, dans leur boîte mail personnelle à l’Assemblée nationale, marque une rupture déontologique grave. Comment ce courrier s’est-il retrouvé sur la place publique, diffusé par un individu notoirement connu pour ses démêlés judiciaires et ses méthodes peu orthodoxes ?
C’est un tournant inquiétant qui montre que les institutions elles-mêmes ne sont plus sanctuarisées. Qu’un simple email interne devienne une arme politique entre les mains d’un provocateur médiatique, voilà qui en dit long sur l’état de notre démocratie locale.
Quand la parole politique devient spectacle
Que dire également de Béatrice Bellay, dont les prises de parole à l’Assemblée nationale sont de plus en plus marquées par une logique populiste et théâtrale, au détriment du fond ?
Sa récente sortie sur le groupe Kassav,’ un monument culturel caribéen a laissé perplexe plus d’un électeur.
Elle a surtout fait les délices des « Ti Sonson » pour qui la politique n’est qu’un théâtre d’ombres et de slogans.
Au fond, tout cela trahit un mal bien plus profond : la vacuité d’une représentation politique déconnectée du terrain, incapable de répondre aux urgences sociales et économiques du pays. Pendant que certains jouent la comédie à Paris ou se chamaillent sur Facebook, la Martinique glisse doucement vers un point de non-retour.
Une faillite collective
Nilor et Nadeau sont désormais réduits à se justifier auprès d’un public exaspéré. Mais qu’ont-ils réellement fait pour contrer cette dérive ? Leur silence, leur inefficacité, leur absence de vision, contribuent à cette perte de repères. Ils deviennent les otages d’un système où les figures non élues souvent hors la loi imposent le rythme de la vie politique.
Nous avons donc, d’un côté, une élite silencieuse. De l’autre, des politiques déconnectés ou populistes. Et entre les deux, une population fatiguée, désabusée, parfois résignée, qui ne croit plus ni aux discours ni aux promesses.
Il est encore temps
Mais il est encore temps de dire non. Non à la confiscation du débat par des provocateurs. Non à la sous-traitance du courage politique. Non à l’abaissement du niveau du débat public. Et oui, enfin, à un réveil collectif des consciences.
La Martinique a besoin de ses forces vives. De ses intellectuels, de ses artistes, de ses penseurs, de ses citoyens engagés. Le pays ne changera pas sans eux. La politique ne peut pas être abandonnée aux marchands de haine ou aux vendeurs de buzz.
Si nous ne reprenons pas la parole, d’autres la prendront pour nous. Et ils parleront mal, fort, et dans le vide.
Molière