Dans le cadre de la visite du Grand Maître du Grand Orient de France, ce mercredi se déroule une conférence ouverte au public : « Réparer la République ». L’occasion d’échanger autour d’un thème de société qui colle à la peau de la Martinique.
Réparer la République. C’est le thème choisi par le grand Orient de France pour la première conférence en Martinique de Nicolas Penin, Grand maître du Grand Orient de France, en fonction depuis 2024. La Martinique compte près de 400 « frères et sœurs ». Des loges anciennes, à l’image des autres îles car l’un des points d’entrée de la maçonnerie était dans les ports. « Tout ce qui est ultramarin possède une vieille maçonnerie. » Pour sa première fois en Martinique, l’emploi du temps du Grand Maître est plus que chargé. Rencontre entre autres avec le préfet, le maire de Fort-de-France, le président de la CTM, le directeur de l’agence de l’ARS et conférence publique. « Elle sera l’occasion de venir voir qui sont les maçons et l’engagement républicain. » Une conférence dont le thème tombe à pic : Réparer la République. Nicolas Penin livre son analyse sur les crises qui ont secoué le territoire : « Les crises démocratiques sont des crises de confiance en l’autre lorsqu’il est politique ou représentant de l’État. Réparer la République passe par restaurer cette République protectrice et solidaire. Il ne faut pas que les citoyens aient l’impression qu’elle est partiale.”
Malgré le brouhaha ambiant, la course au buzz et les réseaux sociaux, les maçons arrivent-ils encore à faire entendre leur voix ? En l’occurrence oui, puisque le Grand Maître sera est reçu par les instances dirigeantes de la Martinique. « Cela prouve qu’ils sont intéressés par ce que peut dire le Grand Orient de France et ce qu’il peut porter comme relais auprès des siens, des personnes investies dans la vie de la cité. »
Malgré ses origines anciennes, voire très anciennes, 1728, le Grand Orient reste dynamique. Selon Nicolas Penin, « on gagne des adhérents en 2024, plutôt des jeunes qui sont parfois à la recherche de sens d’abord et d’un investissement dans la société. On résonne et on parle encore aux hommes et femmes dans tous ses territoires. Notre attractivité existe. Les hommes et les femmes de bonne volonté, libres et de bonnes mœurs sont les bienvenus chez nous. »
Être maçon : un engagement auprès de soi-même
Entrer dans la maçonnerie offrirait donc une réponse à une quête de sens… Mais pas que. « Ce qui est intéressant c’est de le chercher ce sens parce que cela nous permet de construire. C’est un chemin que l’on se construit soi-même et c’est un engagement que l’on fait pour soi d’abord. Il s’agit d’un regard qui se porte sur soi. »
Liberté, égalité, fraternité et laïcité sont les valeurs fondamentales de l’obédience maçonnique. « Les spécificités martiniquaises sont liées à l’ancienneté de la maçonnerie. C’est quelque chose qui est ancré dans le sol du territoire. Sinon, tous les frères et sœurs, comme ailleurs sont à l’écoute du monde qui les entoure. » Mais l’éloignement géographique du centre du pouvoir peut distendre le lien républicain. « Il faut que ce lien se modernise qu’il soit travaillé de nouveau et certainement pas qu’il s’affaiblisse. »
Sargasses et chlordécone, Nicolas Penin n’oublie pas non plus les enjeux environnementaux auxquels doit faire face la Martinique.
La conférence qui se tiendra à ce mercredi à 18 heures, à Tartenson est ouverte au grand public. « Le grand point fort de la maçonnerie, c’est la possibilité de respecter l’autre dans son avis de le prendre comme tel. Il y a une relation à l’altérité qui est puissante. Il y a un moyen assez simple de reconnaître les francs-maçons, c’est celui qui vous laisse terminer votre phrase. »
Laurianne Nomel
Réparer la République, une vision régionale, le 28 mai à 18h30 au 4, rue du Temple au Morne Tartenson, Fort-de-France, conférencier Philippe Palany, docteur en géographie.