Hommes et territoire a innové en diplômant sa première promotion d’ouvriers polyvalents d’entretien du littoral et de la protection de l’environnement option ramassage des algues sargasses. L’association joue ainsi sur les deux tableaux, celui de la protection de l’environnement et de l’insertion professionnelle.
Ils sont une trentaine dans la salle de délibération décorée pour l’occasion. Ce vendredi matin, à la mairie du François, on se prépare à une cérémonie de remise de diplôme. Un événement pas comme les autres. Sont mis à l’honneur lors de cette cérémonie, 36 adultes qui exercent un métier singulier mais ô combien nécessaire. Tous sont des ouvriers polyvalents d’entretien du littoral et de la protection de l’environnement option ramassage des algues sargasses. Tous ont suivi leur formation au sein d’Hommes et territoire.
Depuis 2018, l’association intervient sur le ramassage manuel des sargasses. Or les échouages d’algues brunes sont de plus en plus réguliers. Pour faire face à ces arrivées en masse, Hommes et territoires décide de professionnaliser le ramassage. L’association met en place un certificat de qualification professionnelle sur l’environnement avec l’option ramassage manuel des sargasses. « C’est très inédit puisque cela n’existe sur aucun des territoires. Il s’agit de la première promotion mondiale », précise en souriant Roland Rosillette, directeur général d’Hommes et territoire.
Uniquement les algues fraîchement échouées
L’objectif de l’association est de professionnaliser la filière. Selon le directeur général, ramasser des sargasses relève d’une certaine technicité. Brouette, pince à déchet, fourche sont les accessoires indispensables. « Il y a une manière de faire, une sécurisation à prendre en compte tant pour les salariés que pour l’écosystème. » Sans précaution, l’activité peut avoir un impact sur la santé des salariés. L’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation de l’environnement et du travail) « insiste sur la nécessité de ramasser sans attendre les algues échouées et recommande que des mesures soient mises en œuvre pour protéger les travailleurs chargés du ramassage, du transport et du traitement des algues. » Raison pour laquelle les ouvriers polyvalents ramassent les sargasses fraîchement échouées. Ils sont équipés d’un testeur mesurant les émanations toxiques qui leur permet de savoir s’ils peuvent ou pas s’atteler à ramasser un tas d’algues.
“La mer est mon bureau”
La formation fait la part belle à la protection de l’environnement. « Nous faisons de l’insertion, cela fait de nous des acteurs du développement durable. Nous participons également à la préservation de l’environnement en ralentissant l’érosion des plages. » Hommes et territoire a un partenariat avec certaines commune du littoral comme le Vauclin, le François, Sainte-Anne ou encore Le Diamant.
Charles Libos fait partie de cette promotion innovante. Il est suppléant encadrant à Hommes et territoire au bourg du Vauclin. Il a commencé comme ouvrier polyvalent mais très vite on lui propose un poste de responsable de groupe. Une chance qu’il saisit. « La mer est mon bureau, c’est très agréable », confie-t-il. Les salariés d’Hommes et territoire ne se contentent pas de ramasser les sargasses. Les ordures laissées sur la plage y passent aussi. Telles les écuries d’Augias, ramasser les sargasses arrivage après arrivage peuvent s’apparenter à des travaux sans fin. « Parfois, en quelques heures, le travail que nous avons effectué n’est plus visible. Cela peut en démoraliser certains. Mais nous sommes là pour ça. C’est sans fin mais c’est pour le bien de la commune et des riverains. »
Pour Chantal Tinaut, Hommes et territoire est devenu un véritable tremplin dans sa vie professionnelle. Celle qui a été ouvrière agricole pendant 21 ans, va recevoir son diplôme d’ouvrière polyvalente comme tous les autres salariés présents de l’association d’insertion. Seulement Chantal a d’autres horizons en vue. Grâce à Hommes et territoires, Chantal Tinaut a trouvé sa vocation. Lors d’un stage en immersion dans une entreprise d’ambulance, c’est l’évidence. Elle veut être auxiliaire ambulancier. L’ancienne ouvrière agricole commence sa formation en décembre. « Hommes et territoire est un véritable outil d’insertion. L’association nous aide à nous orienter vers le métier qu’on veut faire demain. »
Laurianne Nomel