Le Kreyol International Film Festival est de retour pour sa deuxième édition, du 26 septembre au 2 octobre à Paris. Ce festival vise à mettre en avant la diversité des voix et des cultures créoles, tout en valorisant leur patrimoine immatériel. Projections de films et débats se tiendront au Cinéma Christine Club et au Digital Village.
Il s’agit de leur deuxième édition. Ce 26 septembre, le Kreyol International Film Festival (KIFF) est de retour pour mettre en avant les richesses du cinéma Créole. Une occasion pour mettre en lumière les voix et visions des cinéastes de tous horizons, valorisant ainsi le patrimoine immatériel de l’espace kréyolphone. Cette année, ce jeune événement aura lieu entre le 26 septembre et le 2 octobre, à Paris.
Pour le premier jour, Alexia de Saint-John’s, la fondatrice du KIFF était présente à l’Ecole Cinema Club, pour nous faire part de la façon dont l’identité créole est réduite. La tendance à se définir uniquement comme «afro-descendant» en oubliant la richesse des autres composantes culturelles. Une chose reste certaine : on exclut une partie importante de notre histoire.
La nécessité de reconnaître son identité
“Pourquoi avons-nous honte de ce que nous sommes ?” questionne t-elle. “Pourquoi avons-nous honte de dire aux gens que nous sommes amérindiens, africains, peut-être asiatiques, indiens et libanais… Si les Africains sont arrivés esclavagisés, il y a eu toute une flotte de gens qui sont arrivés d’Asie, de Chine, d’Inde pour “remplacer” les Africains… On exclut totalement cette partie de notre histoire en disant que nous sommes afro-descendants.”
Lors de son intervention, elle n’a pas hésité à souligner la « résilience » des langues créoles, nées dans le contexte de la colonisation et de l’esclavage, témoignant de la résistance et de la créativité des peuples opprimés. Pour elle, il est aussi primordial d’insister sur la nécessité de reconnaître cette identité propre, sans se perdre dans une identification uniquement française ou une honte de ses racines. Le festival, né d’une prise de conscience identitaire, a pour but de mettre en lumière les cultures, langues et patrimoines créoles, tout en rassemblant et valorisant cet héritage pour construire un avenir fier et inclusif.
“Adieu à tout cela”
Afin d’inaugurer cette édition, un premier film a été diffusé pour le festival : “Adieu à tout cela, court métrage d’Emmanuel Parraud réalisé en 2010 et tourné en créole réunionnais. L’histoire se déroule à La Réunion, où Marlène, une jeune femme de 16 ans, peine à surmonter la perte de sa nourrice. En quête de repères, elle tente de trouver sa place sur cette île.
Présent lors de la masterclass, le réalisateur était présent, lui aussi, pour nous parler de son premier film tourné à la Réunion. Il a évoqué son arrivée à La Réunion par hasard, une expérience marquante qui a changé sa perspective sur l’émotion et l’identité créole. Selon lui, cette île lui a permis de trouver un espace pour explorer des histoires de résilience et de dignité humaine, des thèmes qu’il estime difficiles à aborder dans le cinéma métropolitain. “En France, j’étais habitué à une certaine froideur, mais là-bas, j’ai découvert une façon de se retrouver, une dignité dans l’émotion qui m’a profondément marqué,” a-t-il exprimé.
Emmanuel Parraud a expliqué que sa façon de travailler est très collaborative : le scénario évolue avec les interactions des comédiens et s’adapte à la réalité du tournage. Plutôt que de suivre un script strict, il a laissé une grande liberté aux acteurs, ce qui permet aux scènes de gagner en authenticité. Pour lui, le film se construit au fil des improvisations et des émotions du moment.
Durant ce festival, de nombreux autres films mettant à l’honneur la culture créole seront projetés au Cinéma Christine Club à Paris, jusqu’au 30 septembre. Pour clôturer cet événement, un bal se tiendra au Digital Village le 2 octobre.
Thibaut Charles (Crédit photos : Fernanda Munez)