Passionné par le sport automobile, Willy Nallamoutou-Sancho, organisateur du “Martinique Rallye Tour” depuis 2016, partage son expérience de la gestion de cet événement. Son circuit est l’un des deux seuls en dehors de la France métropolitaine reconnus pour participer à la Coupe de France. Actuellement, il partage son expérience sur la gestion d’un tel événement et souligne ses avantages pour la Martinique.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Willy Nallamoutou-Sancho, passionné de sport automobile. Cela fait maintenant vingt ans que je participe en tant que concurrent aux courses de Rallye. Depuis 2016, je suis à l’initiative du “Martinique Rallye Tour”, organisé grâce à mon association “WNS Racing”.
Qu’est-ce que le Martinique Rallye Tour (MRT) ?
Le “Martinique Rallye Tour” est une compétition automobile internationale qui fait partie du championnat automobile de France. Il y a une multitude de courses de Rallye en France, mais 12 sont sélectionnées pour compter pour la coupe de France. Il n’y a que deux rallyes autorisés à concourir en dehors de la France métropolitaine, l’un se déroulant à La Réunion et l’autre ici, en Martinique. En termes de participation, notre épreuve attire des pilotes provenant de divers horizons à travers le monde. Nous accueillons des pilotes d’Europe, d’Afrique et même d’autres pays des Caraïbes. Au-delà d’une simple course, il s’agit d’un véritable événement.
Quels types de véhicules sont autorisés à participer à la course ?
Seuls les véhicules de rallye sont autorisés à participer, mais toutes les catégories sont les bienvenues. Avant chaque départ, des vérifications techniques sont effectuées pour garantir la conformité technique, assurant ainsi la sécurité et le respect des réglementations.
Qu’est-ce qui différencie ce rallye des autres ?
Une des caractéristiques distinctives de notre rallye réside dans son envergure considérable. En tant qu’épreuve intégrante de la Coupe de France, il se distingue tout d’abord par son nombre élevé de participants, pouvant atteindre jusqu’à 50 concurrents. Contrairement à un rallye ordinaire qui compte généralement entre 10 et 15 engagés, notre événement se démarque par une compétition plus vaste. Un autre aspect crucial à souligner est le besoin financier substantiel pour organiser un tel événement. Pour assurer une organisation optimale, il est nécessaire de mobiliser des ressources financières allant de 400 000 à 500 000 euros par an.
Le MRT ne se résume donc pas à une simple course. Peut-on envisager que cette compétition serve de passerelle pour attirer l’attention des autres pays du monde vers notre île ?
Notre rallye est clairement orienté vers le “sport tourisme”. En plus des participants, un nombre considérable de personnes affluent pour participer à cet événement exceptionnel. Cette forte affluence génère fréquemment des défis logistiques, en particulier en matière d’hébergement. Pour l’édition de 2024, nous prévoyons la participation d’au moins une trentaine d’équipages. Il faut compter environ 10 personnes par équipage, représentant ainsi 300 personnes nécessitant un logement. En outre, les spectateurs venant du monde entier contribuent à cette demande d’hébergement, tout comme les Martiniquais eux-mêmes, de plus en plus enclins à rechercher des options telles qu’Airbnb pour être au plus près du lieu de la course. Toutes ces particularités font du “Martinique Rallye Tour” un événement axé sur le tourisme sportif, ce qui nous permet de battre facilement des records. À titre d’exemple, lors de l’arrivée du Tour des Yoles 2023 à Fort-de-France, la préfecture a enregistré une affluence de 24 000 spectateurs. En revanche, pour l’arrivée du Rallye, ce chiffre a grimpé à 32 000 spectateurs.
Peut-on alors considérer le MRT comme une sorte de concurrent au tour des yoles ?
Pas réellement. Lorsque des touristes étrangers viennent assister à notre rallye, nous les encourageons ensuite à découvrir le Tour des Yoles. Cette approche vise à développer l’aspect touristique du sport en Martinique, attirant ainsi un nombre croissant de visiteurs chaque année. Tout au long de l’année, je reçois de nombreux appels de comités d’entreprise demandant les dates du rallye, car ils font face à une forte demande de congés à cette période. Cependant, malgré ces indicateurs, il est difficile d’affirmer quel événement sportif attire le plus de visiteurs en Martinique.
Comment le touriste venu pour assister au MRT est-t-il accompagné lors de son séjour ?
Étant donné qu’il s’agit d’un événement se faisant sur une semaine, beaucoup d’investissements sont mis en avant. Les touristes peuvent donc assister à un village du Rallye, se situant le plus souvent à la Trinité. En même temps, cela permet de favoriser le tourisme dans cette commune. On essaie de faire en sorte que les personnes ne se soient pas déplacées pour uniquement une simple course. L’avantage est que vu que les courses de Rallye ne se font pas sur des circuits fermés mais bien sur des routes normales, ils peuvent ainsi découvrir le paysage de notre île.
De ce que l’on comprend, c’est une course qui évolue énormément au fil du temps et a remporté un succès bien au-delà de vos attentes. Comment comptez- vous gérer les problématiques dont vous nous parliez telles que le logement ?
La course évolue rapidement, et chaque année, nous nous efforçons d’apporter des améliorations tant sur le plan de l’organisation que de l’innovation. En ce qui concerne les logements, il est déjà arrivé que des participants forment des groupes pour partager des Airbnb, ce qui a constitué une solution collaborative pour faire face aux défis liés à l’hébergement. Nous cherchons constamment à associer la course à la richesse culturelle de notre île, en intégrant, par exemple, des éléments du folklore martiniquais pour offrir une expérience unique aux participants et aux spectateurs. Certains participants ont joué un rôle crucial en contribuant à la gestion de l’organisation et en proposant des solutions aux problématiques rencontrées. La CTM a déjà organisé des réunions dans le but de pouvoir nous aider.
Comment se déroulera une journée typique du MRT, au niveau de l’organisation ?
Avant les jours de course, une préparation minutieuse est entreprise, avec une annonce officielle de la course deux mois à l’avance. Une équipe composée de 300 personnes est mobilisée pour assurer le bon déroulement de l’événement. Des panneaux d’information sont installés le long des routes pour informer le public. Si le rallye débute un samedi, le jeudi midi marque le début des opérations, avec la fermeture du centre-ville pour les vérifications techniques. Le vendredi, les voitures convergent vers Fort-de-France, et c’est le samedi que la course proprement dite démarre. Les équipes sont sur place dès 6 heures du matin pour s’assurer de la préparation et de la sécurité de l’événement.
Quelles sont vos perspectives pour 2024 ?
Juste de faire mieux que l’année 2023, avec beaucoup plus de participants et même de spectateurs. Comme je l’ai déjà dit, nous souhaitons mettre l’accent sur l’organisation et faire en sorte qu’il y ait beaucoup plus de personnes. J’espère que pour l’année 2024 il y aura plus de 40 000 spectateurs !
Vous aviez expliqué qu’il n’y avait que deux rallyes en Outre-Mers qui étaient autorisés à participer à la coupe de France. Encouragez-vous les rallyes des autres départements à suivre votre exemple afin de pouvoir être qualifié aussi ?
Bien sûr, je les encourage vivement ! La sélection pour la Coupe de France est extrêmement sélective, mais en Outre-Mer, nous avons la chance de pouvoir mettre en valeur plusieurs de nos atouts. Il y a la possibilité de réaliser de grandes choses, donc je leur souhaite de réussir à surpasser le MRT.
Propos recueillis par Thibaut Charles